Je me réveille assez brusquement, consciente d’être là où je
suis. Je vais prendre ce réflexe un peu puéril de vérifier mon téléphone
plusieurs fois par jour, comme si cela était un indispensable pour ne rien
manquer de « l’actu » du groupe. Je sursaute presque, ce matin-là, en
découvrant une publication de Zac concernant son envie d’organiser un tournoi
de Nintendo durant la semaine…
Pour l’heure, Allison et moi partons prendre un solide petit
déjeuner, suivi d’une brève marche sur la plage. Le soleil a enfin reparu, mais
l’eau est encore froide.
Notre balade nous amène à errer devant la scène : cela
nous arrivera souvent, d’ailleurs. Il y a encore assez peu de fans à attendre
devant. Est-ce qu’on n’en profiterait pas pour se bloquer des places
maintenant, et être au premier rang pour le solo de Zac ? J’opte pour
cette option, sachant que la pluie a quand même pas mal diminué les autres options
de « trucs à faire » pour cette journée.
Curieusement les fans déjà présentes n’ont pas l’air plus
motivées que cela à faire connaissance et discuter (elles sont déjà entre
amies, et ne sont pas là pour s’en faire de nouvelles). Nous sommes bientôt
rejointes par un petit groupe de brésiliennes, avec qui nous sympathisons.
C’est bien pratique pour aller récupérer à tour de rôle, les unes pour les
autres, des boissons fraîches, tout en continuant cette journée papotage et
bronzage sur le sable jamaïcain.
En début d’après-midi, il est temps d’assister à une heure
de conférence sur le thème de « String Theory », la dernière œuvre
Hansonienne en date.
La conférence se déroule en intérieur, dans une grande salle
qui doit servir habituellement pour les mariages ou les séminaires.
Le groupe fait son entrée, avec un peu de retard, histoire
de garder les bonnes habitudes. L’échange est convivial, les garçons semblent
de très bonne humeur, les questions tournant beaucoup sur les nouvelles
chansons et réorchestrations de String Theory (exception faite d’un grand groupe
de brésiliennes, venu pour réclamer une tournée chez elles et offrir un cadeau
aux trois frères).
Je retourne dès que possible auprès de la scène, pour me
garantir ma place au plus proche.
C’est la première fois que je vais assister à l’un de ces
fameux « shows solos » et j’en attends beaucoup. Zac fait son
apparition, plus enclin à plaisanter qu’à nous charmer par ses chansons. Il ne
promet rien quant au fait de se souvenir des notes ou des paroles, et dédie son
set à son épouse, qui d’ailleurs est présente, on en a de la chance.
Le repas se prendra au Nikkei, le resto asiatique plutôt
fancy de l’hôtel, qui mérite complètement le détour. Bref saut à la chambre
pour se recoiffer un peu…
Le concert va commencer, dans une ambiance électrique. Je
trépigne, moi qui n’ait encore pas entendu une seule note de String Theory afin
de garder la surprise d’une découverte en live. Je suis face à Taylor, l’ignorant
totalement pour me concentrer sur la musique. En guise d’orchestre, les
arrangements sont une bande-son diffusée sur cd, mais cela est suffisant pour
avoir un aperçu, et plus encore, du travail accompli sur les chansons. Je suis
bouleversée, et encore plus impatiente de pouvoir assister à une version
complète lors de la tournée européenne.
Alors que je me remets à peine de mes émotions, je réalise
qu’un large attroupement se forme sur la place centrale de l’hôtel. Un écran
géant, des dizaines de chaises, et à l’avant une longue table avec plusieurs
manettes de Nintendo Switch… Zac a tenu parole, et plus vite que je ne le
pensais. L’intéressé est d’ailleurs en pleine installation, tout en expliquant
les règles au micro : les concurrents doivent simplement se mettre en
ligne et attendre leur tour, les joueurs participeront par groupe de 5 (Zac
étant le 6ème joueur).
Je n’ai jamais joué avec cette console récente, et je n’ai
pas forcément envie de rejoindre la file d’attente déjà longue pour me
ridiculiser avec un Game Over trop rapide ! Il y a curieusement un espace
vide tout proche de Zac, où je glisse un tabouret afin de profiter du « spectacle »
aux premières loges.
Zac est visiblement dans son élément, alternant les plaisanteries
entre les parties et une mine concentrée de joueur expert. Le tournoi dure
depuis près de deux heures quand je remarque Lewis Watson et Andrew, le
bassiste du groupe, qui rejoignent les futurs joueurs. Il n’y a quasiment plus
personne dans la file d’ailleurs. Cela me parait un bon moment pour aller
discuter avec Lewis au sujet de son concert à venir, avec quelques idées de
titres que j’aimerais beaucoup y entendre. Les deux garçons sont adorables, et
alors que nous patientons, je me dis que tant qu’à faire je pourrais tenter une
partie : ce sera moins intimidant de me dire que je joue contre Lewis que
contre Zac !
Ca va bientôt être (mon) notre tour. A ce moment, Ike fait
son apparition et apparemment, il a envie de jouer lui aussi. Je m’avance pour
prendre place à la table. Il y a d’un côté Ike, une autre fan, et Lewis, puis
moi, Andrew et Zac.
Le maître du jeu décide soudainement de changer les règles,
parce qu’il a envie de mettre une raclée à Lewis et à son frère. Il décrète
donc que nous allons faire des équipes. Le découpage me place donc… dans sa
team. Oups. Je crois important de signaler à mes coéquipiers que c’est une
véritable initiation pour moi et que je m’excuse par avance d’être novice et de
potentiellement les faire perdre. Zac me fixe droit dans les yeux, et affirme
qu’il « croit en moi ». Il me semble que la plupart de mes organes
vitaux ont disparu… mais je me concentre tandis qu’Andrew m’explique le fonctionnement
de la manette. La partie commence. Les commentaires de Zac alternent entre le
fait qu’il veut battre Lewis et confirmer qu’il est le meilleur, et des
encouragements envers Andrew et moi. Je joue comme si ma vie en dépendait, me
découvrant plutôt pas trop nulle dans cette initiation. Première manche
remportée. Ca continue. L’équipe adverse ne lâche rien. Andrew est soudain
éliminé. Pression. J’attaque tant que je peux, mon honneur est en jeu.
Victoire. Zac est ravi.
Et crevé. Il est deux heures du mat. Je m’éloigne pour le
laisser ranger son matos et interpelle Ike, en totale confiance après ce moment
épique : je demande si par hasard, avoir gagné le tournoi me donne le
droit à une requête pour son show solo, parce que je rêve d’entendre « For
your love » pour la première fois en concert. Le front plissé, Isaac « verra
ce qu’il peut faire ».
Le retour jusqu’à ma chambre me laisse une sensation de
flottement, mes pieds ne touchent plus le sol. La gamine que j’étais, a passé l’année
de ses 10 ans devant une Super Nintendo à écouter « Middle of Nowhere »
en boucle. Je ne sais pas si c’est elle, ou moi, qui verse une larme de joie ce
soir-là avant de m’endormir.