#3 : Dans la jungle, terrible jungle...



Day 16 : Julie’s guest house, chambre 106 – 18h42

Les mises à jour qui suivent ont été prises à la main durant les deux jours de trek (day 15 et 16 du voyage).

-Mickey’s bar, 8h23 : Dans l’attente d’un petit déjeuner après une nuit quelque peu décousue où j’ai eu successivement trop chaud, puis trop froid. Evidemment, c’était le meilleur moment pour une insomnie. Je me demande de combien je peux taxer le stress pour celle-ci, parce que je ne me sens pas vraiment prête pour un trip dans la jungle… ! J’essaye de me dire que je ferai de mon mieux, mais une fois de plus j’ai la crainte que ça ne soit pas suffisant. Et je sais qu’un jour, je n’en aurai plus rien à foutre, mais ça n’est pas le cas maintenant. En attendant, on verra, mes pancakes arrivent…

-Marché local, 11h46 : la première étape de ce trek est assez touristique. Notre guide, un peu froid au premier abord, prétend répondre au nom exotique de Johnny. Soit. Jojo nous a donc emmené faire un tour dans une ferme d’orchidées, avec des variétés nombreuses et assez chouettes (les fleurs me préoccupent assez peu), puis dans un village Long Neck manquant d’authenticité (on dirait qu’ils l’ont posé là uniquement pour qu’on le visite) mais sympa à voir quand même. Ecrire à la main dans le truck qui nous mène à l’étape suivante est assez chaotique, au point que j’aurai probablement du mal à me relire par la suite. La route serpente, alternant creux et bosses. Cyril me sert de ceinture de sécurité.


Notre groupe se compose de 6 personnes au total, avec deux coréens et un couple de néozélandais. Tous me paraissent sympas, et surtout en meilleure forme physique que je ne le suis. Johnny se démarque, car en confiance il parle un peu plus, mais avec un accent qui m’empêche de comprendre la moitié de ce qu’il baragouine. Je redoute de plus en plus le rythme de cette marche de trois heures, la chaleur ne cessant d’augmenter.

-Camp Karen Long Neck, 17h30 : dans le genre dépaysant, cet endroit tient ses promesses. Et après le parcours dans la jungle qu’il a fallu accomplir pour atteindre le camp, j’ose presque dire que c’est mérité.


La randonnée en elle-même a duré près de quatre heures. Oui, Johnny nous a mis une heure en bonus. La marche était éprouvante, sous un soleil de plomb, et j’ai commencé à vraiment peiner au bout de la première heure. Notre guide nous a menés au travers de reliefs assez variés, et la partie consistant à grimper la montagne m’a été fatale. J’ai eu de violents vertiges pendant une vingtaine de minutes, alliant étourdissement et nausées. Outre l’effort, je mets cela sur le compte d’une probable déshydratation (nous n’avions pas assez d’eau et je n’ai jamais autant transpiré de mon existence). J’ai eu du mal à prendre le dessus, malgré les encouragements de Cyril qui ne m’a pas quittée d’un pouce et a porté mon sac au plus dur de la montée. Je m’en voulais de ralentir le groupe, et plus encore, que lui me voit faible… L’effort sollicité ne m’a pas empêché de profiter des paysages : les reliefs changeants, les différentes végétations, avec parfois des routes dégagées, parfois des sentiers à peine perceptibles sous les feuillages denses. Johnny me parait un très bon guide, ralentissant la marche au moment où je peine le plus, nous proposant des fruits frais qu’il monte cueillir dans un arbre sur la route (papayes et bananes, les meilleures que j’ai jamais mangées).
Bref, nous voici au camp. Ce que j’ai sous les yeux actuellement se passe de mots, en terme d’ambiance. Johnny vient d’allumer un grand feu au centre du village. Des porcs et des poules courent tout autour, sur la terre battue. Un peu plus loin, dans le fond du village, j’aperçois Cyril qui se douche dans un des cabanons prévus à cet effet, qui ferment par un rideau qui ne camoufle pas grand-chose, peu importe d’ailleurs car on ne s’y attarde pas sous cette eau gelée. Une femme Karen tisse une écharpe à cinquante mètres de là, le cou droit en dépit des anneaux de métal qui y pèsent. La hutte sur pilotis où je suis assise est notre dortoir pour la nuit. Evidemment, là aussi, on peut douter de l’authenticité du lieu, mais qu’importe, on s’y sent bien, et je suis contente d’avoir vécu cette expérience, malgré les difficultés de la journée. C’était un truc à faire, je l’ai fait.




-Camp Karen Long Neck, 7h44 (day 16) : what a night ! Après un copieux repas préparé par Johnny (curry de poulet aux patates, riz et légumes), nous partageons le dessert, du riz collant à la coco, autour du feu, avec la nuit étoilée qui tombe tout autour. Pour parfaire le cliché, le plus vieil homme de la tribu nous rejoint pour jouer d’une sorte de flûte de bois. Dans le dortoir, c’est autre chose. Les bruissements exotiques nocturnes demandent un petit temps d’adaptation. La moustiquaire est totalement inefficace. Puis c’est le froid qui apparaît, progressivement. Je ne savais pas qu’on pouvait vraiment se les geler, dans ce pays. Le moment où il faut se motiver pour une pause pipi nocturne demande vraiment réflexion. Je rédige ces impressions tandis que Cyril répand au sol les tranches de tomates que je n’ai pas mangé du petit déjeuner afin d’attirer les porcs et faire des photos. Nos vêtements sont humides à cause de la rosée. Nous repartons dans un instant.




-Camp des éléphants, 10h45 : Après une petite demie heure de marche, nous avons atteint un centre d’activités, incluant la ballade en éléphant. Oui mais pour ça, il faut d’abord passer un pont suspendu en bois, très hand-made, flippant… Pour arriver face à ces énormes bestiaux, dont on se dit d’abord qu’ils sont larges (oui, on s’en doutait), mais surtout, hauts. Se retrouver en équilibre dans une nacelle à trois mètres du sol, sur le dos d’un pachyderme, c’est quelque chose. Je touche la peau de l’animal, semblable à du cuir option cactus (ça a le poil dru, ces bêtes-là). On se fait rapidement au ballottement de la nacelle, pour profiter un peu de l’évènement avec distribution de goûter à notre monture, puis traversée d’une rivière, le tout en se prenant en photos avec nos comparses coréens et néozéalandais.


Cette émotion terminée, nous continuons avec la descente de la rivière en radeau de bambou. C’est calme, apaisant, tellement que ça en devient longuet…
A cet instant, j’ai un peu de mal à poursuivre la conversation avec Cyril. Chacune de nos activités est irrémédiablement ponctuée d’un rappel de ce qu’il a fait dans les villes précédemment visitées. Celles où il était avec d’autres que moi. Il me parle d’escalade, de baignades et de films qu’il a vus, et moi je l’imagine avec une autre, et ça me blesse malgré moi. Il n’y peut rien, mais moi non plus. Je ne relève même pas, me doutant qu’il ne comprendrait pas ma jalousie déplacée… Et je ne laisse pas mon moral baisser.

-Même endroit, 12h23 : comble de l’expérience, Johnny nous a organisé un moment de bain avec un éléphant. Le dresseur le faisait coucher pour qu’il s’immerge totalement, ceux qui le souhaitent vont dans l’eau pour faire une photo, puis l’éléphant nous asperge avec sa trompe. Nous sortons tout juste de table et le guide annonce un moment « accrobranche ». WTF ? Ai-je vraiment envie de me suspendre à une corde depuis un arbre très haut, pour me lancer dans le vide jusqu’à un autre arbre très haut ?...




Nous revoici à la Julie’s guest house, après la fin de ce trek. Je ne maintiens pas plus longtemps le suspens, je me suis dégonflée pour l’accrobranche. Trente mètres de haut. L’idée m’a déplue, et la vision du vide encore plus. L’animateur me raccompagne au groupe en me rassurant, et en me massant les épaules pour interrompre mes tremblements intempestifs. Nous continuons notre périple vers une cascade. Il y a une sorte de petite crique entre deux chutes d’eau, perdues au milieu de la verdure, et c’est absolument magnifique. L’eau est un peu fraîche mais vu la chaleur, c’est une bénédiction. Notre camarade coréenne propose de faire une photo de Cyril et moi. Il accepte sans hésiter, je tique un peu, car c’est en fait la première photo où nous apparaitrons tous les deux depuis que je l’ai rejoint. Je m’attarde encore un peu dans l’eau, puis nous partons vers la dernière activité, le rafting. Et ça, c’est cool. Encore une première expérience grâce à ce trek, et je ne suis pas déçue. Nous descendons des rapides de faible turbulence, ça secoue un peu parfois, et il y a aussi pas mal de phases où nous voguons sous le soleil en admirant le paysage. Un agréable moment, sans aucun doute.




Le trajet pour revenir sur Changmai est long. Nous somnolons tous un peu dans le truck, en convenant d’échanger nos clichés par mail dès que possible.

Vraiment satisfaite de cette expérience, à tout point de vue. Le comble étant peut-être le prix scandaleusement bas pour ces deux jours riches en découverte, après ma négociation avec la bookeuse : 1000 bahts par personne. Soit environ 25€. Oui, je sais.
La guest house où nous sommes pour ce soir est cool, mais moins pompeuse que la précédente (y a de l’eau chaude mais le lit n’est pas moelleux !). J’attends Cyril qui est sorti se faire une expédition boulangerie/pâtisserie (celle qui se trouve au centre commercial, à une heure de marche, j’ai passé mon tour). J’ai repéré un resto un peu plus loin qui fait pizzeria et je m’en voudrais de me couper l’appétit avec cette perspective.


Nous repartons demain matin pour Pai, à quelques heures de route de Changmai. 

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