Day 32 : Arena Bungalows de Koh Lanta, 19h17
Quand je
pense que j’ai osé faire des blagues sur le fait d’aller à Koh Lanta pour
tester ma fibre aventurière… Le lecteur avisé qui parcourt ces lignes ne doit
pas se méprendre : ALLER à Koh Lanta fut une épreuve. Une vraie. 
Nous avons
d’abord craint que le taxi nous ait oubliés, mais non, il ne s’agissait que
d’un fâcheux retard de 20 minutes. Nous joignons le port dans la nuit noire. Le
quai est bondé, nous montons à bord du bateau de nuit pour découvrir que c’est
encore pire. L’embarcation est un dortoir flottant prévu pour 200 personnes.
Sauf que les agences ont surbooké. Nous sommes près de 400 à bord. Les gens et
les sacs en trop s’entassent dans les allées. Un des marins nous propose de
nous installer dans une sorte de calle de 2m², en poussant dans le fond des
cartons. Le sol à cet endroit du bateau est incurvé (dans le sens inverse de
celui où nous sommes supposés dormir, c’est-à-dire les pieds plus hauts que la
tête). Très vite, je m’interroge sur le léger mouvement d’un des cartons.
Ah ? Mieux, le carton glousse. Parce qu’il y a un coq dedans. Vivant. Et
mes tympans et mon odorat réalisent rapidement que le coq n’est pas très
content des appartements qu’on lui a attribués pour la traversée. Le bateau
démarre et à l’inconfort du sol s’ajoute le roulis des vagues. 
Cyril
s’endort par je ne sais quel miracle. Je parviens à m’assoupir un quart
d’heure, puis je me sens trop incommodée, entre le coq et la position atroce
dans laquelle nous sommes. J’abandonne Cyril dans la calle et je m’installe
dans un espace vide dans l’allée la plus proche de manière à pouvoir surveiller
nos sacs. Je somnole un peu sur les sept heures que dure la traversée…
De là, nous
prenons un tuk tuk blindé. Je pensais que viser Koh Lanta comme étape suivante
était une bonne idée parce qu’un peu loin, et je m’imaginais donc que la
destination serait moins prisée. Apparemment une cinquantaine de personnes ont
eu la même idée (en particulier des français). L’attente suivante a lieu dans
un café qui a décidé de vendre des sandwichs format SNCF, prix aligné. Encore
un tuk tuk puis un bus. Et quel bus ! Ils avaient mis tout le budget pour
y installer la clim, du coup, plus un centime de bath pour les suspensions et
les pneus, nous avons probablement roulé sur les jantes pendant les 4 heures
qui ont suivi. Sur une route de premier choix. L’agence de voyage peut rajouter
sans honte « free roller coaster » sur leur brochure.
Le chauffeur
nous dépose au complexe de bungalows où nous avons réservé. Le lieu me déplait
de suite, plus pour le décor franchement morne, que parce que le réceptionniste
de l’agence de voyage n’avait pas précisé qu’il n’y avait pas d’eau chaude ou
de wifi. A première vue, l’île n’est pas vraiment un coin de paradis : la
moitié de la ville est en construction ou à l’abandon. Nous nous aventurons sur
la plage la plus proche, constituée de cailloux et de gros rochers qui ne
donnent pas vraiment envie de se baigner. Je pousse des cris de pucelle
effarouchée au moment où Cyril attire mon attention sur le cadavre d’une méduse
un peu plus loin…
Nous ne
savons pas combien de temps nous resterons dans le coin. L’idée est de prendre
notre courage à deux mains et de tenter la location de scooter, pour arpenter
la côte, avant de retourner dans le secteur de Krabi où le coût des locations
sera moins élevé. Nous commençons par nous trouver un nouveau bungalow pour
demain (celui de l’Arena est franchement piteux). Le restaurateur chez qui nous
prenons un repas nous indique un autre complexe, un peu plus cher, mais donnant
directement sur la plage. Il nous appelle même un tuk tuk qui nous emmène
gratuitement vérifier ledit lieu. Je comprends vite pourquoi : la vue à
elle seule justifie que nous y séjournions. La chambre est plus grande, plus
propre, et le gérant sympathique… Nous négocions un peu le prix de la chambre
et nous ferons le changement demain matin.
Pour ce soir,
nous venons de repérer un bar sympa sur la plage qui jouxte notre bungalow, en
faisant une nouvelle ballade pour admirer le coucher du soleil (du bon côté de
l’île, cette fois-ci).
Je découvre
actuellement une nouvelle facette de mon compagnon, puisqu’il est plongé dans
un jeu vidéo à l’air prodigieusement chiant, « Morrowind » (que
j’insiste pour réintituler « Hémorroïde », du coup). J’aime assez le
décalage entre le fait de se trouver dans un bungalow à l’exotisme certain, et
de le voir se plonger dans sa geek-attitude avec une réelle concentration (la
seule chose qui le distrait un peu étant que je passe Lady Gaga et Coldplay un
peu trop fort). La mièvrerie s’empare une fois de plus de moi, quand je réalise
que je trouve attendrissant de le voir ainsi s’adonner à sa passion. Je
continue de mon côté à m’adonner à la mienne, tapant sur le clavier en
chantonnant « The scientist ».
 
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