Rêve#1 : Just be a (beauty) Queen

31/01/12 : C'est officiel, je suis candidate à un concours de beauté. C'est une première, et un joli défi après avoir rêvassé toute mon enfance devant les robes vaporeuses des élections de Miss France.
Je me présente donc pour le concours "Miss Ronde" de mon département. En plus d'une belle expérience, c'est une manière de revendiquer la beauté de chaque femme, au-delà des normes.

6/02/12 : Mon entretien avec l'organisatrice s'est très bien passé. Je ferai partie des dix concurrentes pour l'élection.

15/02/12 : Rencontre avec les autres finalistes à l'occasion de la séance de photos officielle pour l'élection. Petit moment de doute, où je me demande ce que je fais là, au milieu de ces filles qui sont toutes plus ravissantes les unes que les autres... Mais la bonne humeur générale fait vite oublier la "concurrence"...
L'heure est venue d'essayer les tenues que nous porterons pour le défilé. Mon esprit bouillonne alors que je cherche la robe qui me mettra le mieux en valeur... ou que je cherche comment ne pas avoir un visage constipé sur les portraits au moment des photos...

23/02/12 : Ce matin dans le RER, je lève un oeil vers mon voisin qui feuillette le "Parisien". Il bloque soudain sur une photo, et ça doit être un signe du destin... J'en suis à me dire que cette photo me rappelle quelque chose, mais oui, zut, c'est notre shooting !

29/02/12 : Rencontre avec la responsable du comité Ile de France, tournage d'un teaser pour nous présenter, répétition du défilé et de la chorégraphie. Les affinités se dessinent, je me sens vraiment heureuse d'avoir pu faire la connaissance de ces filles... La compétition ne se fait pour l'instant pas sentir, entre fous rires à chaque prise et petit goûter pour conclure cette journée chargée.

1/03/12 : Ultime essayage, cette fois-ci des trois tenues que je porterais à l'occasion du défilé. Une tenue "quotidienne", que j'ai choisie dans les tons de bleu... Un corset pour le passage lingerie... Une robe de soirée pour le final, et celle que l'on me prête est renversante...
Dans la cabine j'échange avec notre "coach" : les premiers commentaires sur les photos et vidéos diffusés sont unanimes. Les trois mêmes candidates sont plébiscitées. Et pas seulement par leurs proches, car les amis que j'interroge partagent ces avis. En toute honnêteté, moi aussi, en tous cas en ce qui concerne celle de mes camarades qui est la plus susceptible de remporter la couronne.
La réponse du coach est claire : on ne peut pas prédire ce qui va se passer. Le jury est constitué de huit personnes, d'horizons différents, qui peuvent se déterminer pour n'importe laquelle d'entre nous. Rien n'est joué.
Et j'ai beau ne toujours pas réussir à marcher avec des talons, je ferai de mon mieux pour séduire et profiter de la soirée... qui n'est plus que dans dix jours à présent.

10/03/12 : Après cette dernière semaine d'excitation et de stress, nous nous retrouvons toutes les 10. Les ultimes heures de préparation sont à l'image de ce que nous avons vécu jusqu'alors : conseils, complicité, avec une pointe d'angoisse car nous avons peu de temps pour répéter nos passages. Pas le temps non plus de tester la chorégraphie en tenue, car voici déjà coiffeuses et maquilleuses qui arrivent.
A 19h, la salle se remplit. Dans nos minuscules loges, nous écoutons cette installation, puis le discours de la députée pour l'ouverture de la cérémonie. Même pas le temps de comprendre et les premières notes de "Don't Cha" nous lancent sur le podium. La foule hurle, nous porte. Je souris devant les visages qui me sont familiers, mais les larmes me viennent carrément aux yeux en apercevant les banderoles destinées à mes "concurrentes", qui sont devenues maintenant des copines... Il y a quelque chose de magique, ce soir, à les voir si belles, si rayonnantes et si aimées.

Il est temps de me présenter au jury. Comme dans ce cauchemar que j'ai fait plus d'une fois dernièrement, je n'ai plus la moindre idée de ce que je voulais dire... L'animatrice, d'un regard, d'une phrase, me rassure et me relance.
Je suis ici parce que je n'aime pas les étiquettes, que je ne veux plus qu'on me dise ce que je suis capable de faire ou non... Je suis ici parce que je ne crois pas qu'on puisse changer le regard et les préjugés du monde, mais si au moins, on pouvait faire changer le regard des gens sur eux-mêmes, ce serait un grand pas. A ma dernière phrase, le public salue et j'observe avec surprise que les premières mains à applaudir sont celles d'inconnus.
Retour en loge, pour ce qui me paraît durer quelques secondes. Corset, lacets, coiffure, nous sommes reparties. Notre chorégraphie de "Lady Marmelade" nous vaut des cris passionnés et un moment de pure délire entre nous.

Le dernier passage est déjà là. Nous enfilons nos robes de bal et la dernière danse débute. Le jury s'éclipse, nous laissant notre première pause de la journée, que nous consacrons à un discours pour nos organisatrices si maternelles, et un petit coucou à nos proches. C'est l'heure des délibérations.
Un lourd décompte commence, car le président énonce d'abord les noms des candidates qu'ils ne retiendront pas. Sabine, Ludivine, Gaëlle, Elmina, Magali, Ami, qui sont radieuses, qui ont oublié la compétition depuis le début pour quelque chose de plus durable, peut-être. Mais quand le nom qui suit, celui d'Annabelle, est prononcé, c'est un vrai coup. Favorite pour beaucoup, et pas seulement pour son regard revolver, j'en suis tellement à me répéter que ce n'est pas possible que je ne réalise même pas qu'il ne reste que trois filles... Dont moi.
 Le jury m'a choisie comme deuxième dauphine. Honorable place derrière les deux jeunes femmes voluptueuses qui occupent les premières marches du podium, Julie et Emilie.

Miss Ronde Ile-de-France 2011 me pare de mon écharpe et s'en suit une interminable séance de photos. Ma mâchoire proteste. J'ai juste envie de retourner avec le reste des filles, pour partager cette écharpe avec elles. Parmi les flashs, ceux de mes amis brillent d'un éclat particulier...
Les photographes se consacrent maintenant à notre nouvelle Miss en titre et je m'apprête à aller me changer. Une petite fille se tient devant moi, accompagnée par deux autres un peu plus âgées. "Excusez-moi, est-ce qu'elle peut faire une photo avec vous ?". Mon cerveau bloque et j'ai envie d'éclater de rire. Je prends la pose. J'ignore pourquoi elle a voulu prendre cette photo, peut-être qu'elle a aimé ce que j'ai dit tout à l'heure, ou qu'elle trouve ma robe particulièrement jolie, peu importe. Elle ne le sait pas, mais je me souviendrais d'elle toute ma vie, pour cette demande...

Au buffet, je me retrouve face au président du jury. Son regard vert impressionne. Sur le ton de la confidence, il m'explique que dès le départ, il aurait voulu me voir gagner, mais que ma silhouette ne se prêtait pas forcément à la cause des rondes. "J'ai vraiment aimé votre discours... Pour moi, vous êtes la Miss". Une pointe de déception m'envahit : je n'aurai jamais pensé qu'un jour, la discrimination se ferait dans ce sens... D'autant plus qu'en tant que seconde dauphine, je n'accèderais pas à la finale régionale. Mais tant pis. J'ai cette écharpe, et finalement, ce qui compte, c'est ce que j'en ferai.
Nous terminons la soirée autour de quelques bulles et sucreries.

Comme dans toutes les aventures, nous nous quittons en nous promettant toutes de nous revoir. Du plus profond de moi, j'espère qu'il ne s'agit pas que de paroles. Mais qui sait ? Mary nous propose de participer à la promotion des collections vendues dans sa boutique, ce que nous acceptons avec joie. Nous sommes également invitées à soutenir les prochains concours. D'autres souvenirs viendront sans doute s'ajouter à ceux-là.