#3 : You don't have to put on the red light...


Day 30 : Burger Corner, Koh Panghan – 12h02

La soirée d’hier a été finalement assez épique et mémorable.

Je termine mon résumé du jour, nous partons dîner, prévoyant d’enchaîner un burger avec le nouveau film de Zemeckis, « Flight », au Lazy Movies Bar… A ce moment, Cyril reçoit un mail d’un de ses anciens compagnons de voyage qui vient d’arriver sur Koh Panghan. Changement de projet, je vais voir le film, tandis que lui retrouve son pote, puis nous irons festoyer tous les trois à la Pool Party proche de notre bungalow.

A 21h45, Cyril revient du bar où il avait donné rendez-vous au fameux ami. Il reste un quart d’heure de film, nous programmons donc de nous retrouver à 22h devant notre bungalow pour boire une bière avant de bouger à la fête. Je termine donc tranquillement « Flight », œuvre sympathique mais trop pleine de bons sentiments…


Alors que j’entame l’escalade du périlleux escalier qui mène à ma chambre, j’entends des rires et des glapissements venant d’un autre bungalow, sur le bord du chemin. Le balcon abrite visiblement un rassemblement de jeunes femmes. Ainsi que, à ma grande stupéfaction, la silhouette de Cyril. Je m’avance, un peu décontenancée. Et espérant que mon sourire n’est pas aussi crispé que je le présume. Je salue le fameux pote allemand, C, du bout des lèvres.

En y regardant de plus près, je dénombre six filles. Elles ont comme particularités d’être apparemment toutes thaïlandaises et toutes très court vêtues. Très très court. Un tapis a été installé parterre, rassemblant de l’energy drink, du soda et plusieurs bouteilles de vodka. Un joint circule entre les convives. J’analyse brièvement la situation, entendant à peine Cyril, qui allez savoir pourquoi, a l’air très fier de lui, m’expliquer que ces filles leur ont proposé de se joindre à elles pour boire un coup avant d’aller sur la plage. Première chose, je veux monter poser mon sac et souffler un coup. Sinon je risque de tuer quelqu’un dans un élan de jalousie inappropriée…


Je fais rapidement l’aller-retour, mon cerveau en mode furie. Comment ça, je pars dix minutes et je le retrouve au milieu d’un banc de putes ? Plus j’y pense, et plus je constate qu’effectivement ce groupe de femmes a quelque chose d’atypique… Leurs tenues, leur attitude, leur maquillage… Dans ma chambre, j’hésite à me changer pour rivaliser avec elles, mais je renonce, admettant que je peux miser sur autre chose (et aussi que ma robe est déjà suffisamment provocante…).
Je m’installe donc sur le balcon surpeuplé de paillettes, encore une fois très intriguée par cette demie douzaine de greluches. Je les dévisage, essayant d’évaluer leur âge, et sans me départir de la sensation que oui, il y a quelque chose de louche dans cette situation. Mais nous allons de surprise en surprise, et deux autres filles viennent grossir les rangs ! Je suis forcée de stopper mes médisances intérieures quand l’une d’elle me tend un verre bien rempli en me disant qu’elle me trouve très jolie, les autres acquiesçant en chœur. Une des nouvelles arrivantes entre dans une grande conversation avec C, lui expliquant qu’elle ne peut plus travailler, car elle a un petit ami… Peu après, un résidant d’un autre bungalow descend nous rejoindre. Les filles l’appellent affectueusement « Papa » et il enlace l’une d’elles de manière presqu’intime. L’instant d’après, il a la main posée sur la cuisse de la jeune femme… Mes doutes seraient-ils fondés ?

Curieusement, je commence à me détendre. Ces filles sont toutes plus gentilles et souriantes les unes que les autres, elles font des efforts pour m’intégrer à leurs conversations, me montrent des photos de leurs enfants, et surtout continuent de me servir shot sur shot. Elles sont toutes très à l’aise, très tactiles avec moi, mais pas une n’approche Cyril. L’une finit par me dire que si mon « boyfriend » ne me traite pas convenablement, elle m’aidera à lui trancher soit la gorge soit son instrument de virilité… Je m’interroge sur ces attentions excessives à mon égard, et me dit qu’elles doivent avoir un élan de solidarité féminine un peu étrange… Une heure passe, je les trouve de plus en plus sympas et marrantes. Il est temps de partir faire la fête. J’ai finalement envie de rester avec cette petite bande plus que d’aller à la fameuse Pool Party. Nous descendons tous, les filles m’entourant et piaillant toutes en même temps pour m’expliquer des choses, moitié en anglais, moitié en thaï. Une m’indique que je suis « mao » ("ivre"), une autre me raconte que ce soir elle doit retrouver un « boyfriend » allemand, une troisième que son prénom signifie « lune », une dernière glousse que maintenant, je suis sa nouvelle sœur…

C’est amusant de constater qu’elles ont autant de mal à me donner un âge que moi vis-à-vis d’elles… Certaines me paraissent tout juste la vingtaine, alors qu’elles ont entre 26 et 39 ans. Elles m’avouent en riant que de leur point de vue, mon visage affiche 18 ou 19 ans, maxi.


Maintenant que je n’ai plus aucune raison d’éprouver de la jalousie, j’apprécie pleinement la compagnie de tous. Ces demoiselles pour leur attitude très amicale à mon égard, voire protectrice, et même C qui me laisse une bonne première impression après les quelques échanges que nous avons eu sur le balcon. C’est la première fois depuis Bangkok que nous avons l’occasion d’intégrer un groupe et cela ouvre des perspectives de fête nettement attrayantes.

Je grimpe à l’arrière du scooter d’une des filles, totalement consciente que je monte bourrée et sans casque avec une conductrice bourrée et sans casque. Je sais que le trajet est hyper court et qu’on ne risque rien, théoriquement. Cyril s’installe à son tour, nous traversons le village jusqu’à la plage. Nous revenons un peu sur nos pas pour apercevoir le reste des filles et C qui arrivent à pied. Sonya, l’aînée du groupe, m’entraine sur le sable, puis sur une table pour danser. La plage est bondée, des gens ondulent à perte de vue tout autour. Cyril ne me quitte pas des yeux, dansant à quelques mètres avec C, et régulièrement incité par les filles à « prendre soin de moi ». La situation et l’alcool me plongent dans l’hilarité la plus totale. Je continue de danser, avec ce mélange d’ivresse, de techno trop forte, de wtf quand je pense, amusée, que je passe la soirée à me trémousser avec des escortes thaï… Cyril me rejoint sur la table pour m’enlacer, nous dansons quelques minutes. D’autres gens tentent de grimper, la table se renverse, nous tombons indemnes sur le sable, morts de rire. J’observe du coin de l’œil une des filles qui approche son éventuel « boyfriend » du soir. Cyril et moi nous éloignons sur la plage pour une ballade en tête à tête…




Quand nous revenons, impossible de retrouver C et les filles. La foule est désormais trop compacte. Nous retournons vers le bungalow, Cyril est toujours motivé pour faire un saut à la Pool Party pour y boire un dernier verre. Il apparait que nous sommes déjà tous deux bien assez ivres… Mais tant que nous sommes sur la plage, je propose d’en profiter. Quoi de mieux qu’un bain de minuit ? Sécurisé qui plus est, car nous bénéficions de la lumière de la Pool Party. Je retire ma robe et me glisse dans l’eau tiède… Etreintes aquatiques, deuxième partie, version nocturne. Je plaisante dans les bras de mon compagnon, imaginant les fêtards sur la rive qui armés de leurs smartphones, pourraient aisément tourner une sextape, là maintenant tout de suite. Je plaisante nettement moins quand je sors de l’eau, découvrant effectivement une jeune femme brandissant un appareil photo en riant. Je m’habille à la hâte, me promettant de faire une recherche sur youtube dans les jours qui viennent. 



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