Day 30 : Burger Corner, Koh Panghan – 12h02
La soirée
d’hier a été finalement assez épique et mémorable.
Je termine
mon résumé du jour, nous partons dîner, prévoyant d’enchaîner un burger avec le
nouveau film de Zemeckis, « Flight », au Lazy Movies Bar… A ce
moment, Cyril reçoit un mail d’un de ses anciens compagnons de voyage qui vient
d’arriver sur Koh Panghan. Changement de projet, je vais voir le film, tandis
que lui retrouve son pote, puis nous irons festoyer tous les trois à la Pool
Party proche de notre bungalow.
A 21h45,
Cyril revient du bar où il avait donné rendez-vous au fameux ami. Il reste un
quart d’heure de film, nous programmons donc de nous retrouver à 22h devant
notre bungalow pour boire une bière avant de bouger à la fête. Je termine donc tranquillement
« Flight », œuvre sympathique mais trop pleine de bons sentiments…
Alors que
j’entame l’escalade du périlleux escalier qui mène à ma chambre, j’entends des
rires et des glapissements venant d’un autre bungalow, sur le bord du chemin.
Le balcon abrite visiblement un rassemblement de jeunes femmes. Ainsi que, à ma
grande stupéfaction, la silhouette de Cyril. Je m’avance, un peu décontenancée.
Et espérant que mon sourire n’est pas aussi crispé que je le présume. Je salue
le fameux pote allemand, C, du bout des lèvres.
En y
regardant de plus près, je dénombre six filles. Elles ont comme particularités
d’être apparemment toutes thaïlandaises et toutes très court vêtues. Très très
court. Un tapis a été installé parterre, rassemblant de l’energy drink, du soda
et plusieurs bouteilles de vodka. Un joint circule entre les convives.
J’analyse brièvement la situation, entendant à peine Cyril, qui allez savoir
pourquoi, a l’air très fier de lui, m’expliquer que ces filles leur ont proposé
de se joindre à elles pour boire un coup avant d’aller sur la plage. Première
chose, je veux monter poser mon sac et souffler un coup. Sinon je risque de
tuer quelqu’un dans un élan de jalousie inappropriée…
Je fais
rapidement l’aller-retour, mon cerveau en mode furie. Comment ça, je pars dix
minutes et je le retrouve au milieu d’un banc de putes ? Plus j’y pense,
et plus je constate qu’effectivement ce groupe de femmes a quelque chose
d’atypique… Leurs tenues, leur attitude, leur maquillage… Dans ma chambre, j’hésite
à me changer pour rivaliser avec elles, mais je renonce, admettant que je peux
miser sur autre chose (et aussi que ma robe est déjà suffisamment provocante…).
Je m’installe
donc sur le balcon surpeuplé de paillettes, encore une fois très intriguée par
cette demie douzaine de greluches. Je les dévisage, essayant d’évaluer leur
âge, et sans me départir de la sensation que oui, il y a quelque chose de
louche dans cette situation. Mais nous allons de surprise en surprise, et deux
autres filles viennent grossir les rangs ! Je suis forcée de stopper mes
médisances intérieures quand l’une d’elle me tend un verre bien rempli en me
disant qu’elle me trouve très jolie, les autres acquiesçant en chœur. Une des
nouvelles arrivantes entre dans une grande conversation avec C, lui
expliquant qu’elle ne peut plus travailler, car elle a un petit ami… Peu après,
un résidant d’un autre bungalow descend nous rejoindre. Les filles l’appellent
affectueusement « Papa » et il enlace l’une d’elles de manière
presqu’intime. L’instant d’après, il a la main posée sur la cuisse de la jeune
femme… Mes doutes seraient-ils fondés ?
Curieusement,
je commence à me détendre. Ces filles sont toutes plus gentilles et souriantes
les unes que les autres, elles font des efforts pour m’intégrer à leurs
conversations, me montrent des photos de leurs enfants, et surtout continuent
de me servir shot sur shot. Elles sont toutes très à l’aise, très tactiles avec
moi, mais pas une n’approche Cyril. L’une finit par me dire que si mon
« boyfriend » ne me traite pas convenablement, elle m’aidera à lui
trancher soit la gorge soit son instrument de virilité… Je m’interroge sur ces
attentions excessives à mon égard, et me dit qu’elles doivent avoir un élan de
solidarité féminine un peu étrange… Une heure passe, je les trouve de plus en
plus sympas et marrantes. Il est temps de partir faire la fête. J’ai finalement
envie de rester avec cette petite bande plus que d’aller à la fameuse Pool
Party. Nous descendons tous, les filles m’entourant et piaillant toutes en même
temps pour m’expliquer des choses, moitié en anglais, moitié en thaï. Une
m’indique que je suis « mao » ("ivre"), une autre me
raconte que ce soir elle doit retrouver un « boyfriend » allemand,
une troisième que son prénom signifie « lune », une dernière glousse
que maintenant, je suis sa nouvelle sœur…
C’est amusant
de constater qu’elles ont autant de mal à me donner un âge que moi vis-à-vis
d’elles… Certaines me paraissent tout juste la vingtaine, alors qu’elles ont
entre 26 et 39 ans. Elles m’avouent en riant que de leur point de vue, mon
visage affiche 18 ou 19 ans, maxi.
Maintenant
que je n’ai plus aucune raison d’éprouver de la jalousie, j’apprécie pleinement
la compagnie de tous. Ces demoiselles pour leur attitude très amicale à mon
égard, voire protectrice, et même C qui me laisse une bonne première
impression après les quelques échanges que nous avons eu sur le balcon. C’est
la première fois depuis Bangkok que nous avons l’occasion d’intégrer un groupe
et cela ouvre des perspectives de fête nettement attrayantes.
Je grimpe à
l’arrière du scooter d’une des filles, totalement consciente que je monte
bourrée et sans casque avec une conductrice bourrée et sans casque. Je sais que
le trajet est hyper court et qu’on ne risque rien, théoriquement. Cyril
s’installe à son tour, nous traversons le village jusqu’à la plage. Nous
revenons un peu sur nos pas pour apercevoir le reste des filles et C qui
arrivent à pied. Sonya, l’aînée du groupe, m’entraine sur le sable, puis sur
une table pour danser. La plage est bondée, des gens ondulent à perte de vue
tout autour. Cyril ne me quitte pas des yeux, dansant à quelques mètres avec
C, et régulièrement incité par les filles à « prendre soin de
moi ». La situation et l’alcool me plongent dans l’hilarité la plus
totale. Je continue de danser, avec ce mélange d’ivresse, de techno trop forte,
de wtf quand je pense, amusée, que je passe la soirée à me trémousser avec des
escortes thaï… Cyril me rejoint sur la table pour m’enlacer, nous dansons
quelques minutes. D’autres gens tentent de grimper, la table se renverse, nous
tombons indemnes sur le sable, morts de rire. J’observe du coin de l’œil une
des filles qui approche son éventuel « boyfriend » du soir. Cyril et
moi nous éloignons sur la plage pour une ballade en tête à tête…
Quand nous revenons, impossible de retrouver C et les filles. La foule est désormais trop compacte. Nous retournons vers le bungalow, Cyril est toujours motivé pour faire un saut à la Pool Party pour y boire un dernier verre. Il apparait que nous sommes déjà tous deux bien assez ivres… Mais tant que nous sommes sur la plage, je propose d’en profiter. Quoi de mieux qu’un bain de minuit ? Sécurisé qui plus est, car nous bénéficions de la lumière de la Pool Party. Je retire ma robe et me glisse dans l’eau tiède… Etreintes aquatiques, deuxième partie, version nocturne. Je plaisante dans les bras de mon compagnon, imaginant les fêtards sur la rive qui armés de leurs smartphones, pourraient aisément tourner une sextape, là maintenant tout de suite. Je plaisante nettement moins quand je sors de l’eau, découvrant effectivement une jeune femme brandissant un appareil photo en riant. Je m’habille à la hâte, me promettant de faire une recherche sur youtube dans les jours qui viennent.
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