#3 : Sous l'océan


Day 35 : Diving bar, Koh Phi Phi – 13h35

Petite interruption de mon récit suite à un manque de motivation et à une réaction assez virulente d’un des protagonistes récemment évoqué dans ce blog. La personne concernée a découvert quelques articles, n’a visiblement pas apprécié d’y figurer et m’a fait part de son mépris de manière un peu brutale.

J’ai eu un bref moment de réflexion quant à la notion de vie privée dans mes écrits. J’essaye de ne jamais être vulgaire ou trop incisive, simplement de raconter des faits et mes impressions sur le sujet. J’aborde parfois des aspects un peu sentimentaux, intimes ou racoleurs, mais ils font aussi partie de cette expérience, et si le principal intéressé ne fait pas partie de mes quelques lecteurs, il connait néanmoins le contenu de mes posts.
J’ai présenté mes excuses à la personne que j’ai involontairement heurtée, ce que je renouvelle ici, même en sachant qu’il y a peu de chance pour qu’il visite cette page. Je regrette sincèrement qu’il ait pu se méprendre sur mes intentions et qu’il conserve un souvenir négatif malgré les moments plutôt cool que nous avions eu l’occasion de partager.

Reprenons le fil…

Koh Lanta, il faut reconnaître que ce n’était pas l’endroit le plus fun de l’univers. La première soirée sur place a été l’occasion d’un « test » gastronomique de quelques plats que nous n’avions pas encore testés, et à l’intitulé parfois douteux : lab chicken (too much piment), papaya salad (too much piment again), et une très bonne surprise, la deep fried ice cream. Je ne spoilerais pas sur ce dessert, mais je conseille à quiconque en lira le nom sur son menu de tester, c’est surprenant et très bon.




Journée farniente pour le lendemain, sur la plage paradisiaque de notre nouveau bungalow (l’idée du scooter a disparu au réveil). Nous hésitons beaucoup sur la destination suivante, parce qu’autant le dire, il devient urgent de quitter Lanta. Je penche pour Krabi, parce que c’est moins cher et que cette ville permet d’accéder à pas mal d’îles alentours en louant un taxi-bateau. Cyril opte pour aller passer un peu de temps sur Phi Phi, l’île la plus chère et la plus réputée du pays. Je me rallie à sa cause. Le reste de notre temps se partage entre baignade, brève escalade de rochers, ballade au coucher du soleil et discussion nocturne sur chaises longues, en observant un orage lointain sur la mer...

Le taxi pour notre transfert suivant est super en retard, nous arrivons quelques secondes à peine avant le départ du ferry. Une heure plus tard, nous découvrons Phi Phi (qui se prononce « pipi », mégalol). Comme pour Koh Panghan, notre principal souci sera de trouver un hébergement à un prix correct. Les chambres les moins chères sont environ au quadruple de notre budget habituel, et au triple pour deux lits en dortoir. Nous louons tout de même deux lits dans l’une des guest house, sachant que nous ne passerons pas vraiment de temps dans celle-ci.

Nous rendons visite à plusieurs agences, histoire de voir les activités et tarifs proposés. Cela va du cher au carrément excessif. Nous oublions vite l’option « 2 jours/1 nuit » (peu d’activités hormis beuverie à bord d’un bateau pour une soixantaine d’euros). Finalement, nous décidons de partir dès maintenant en excursion, choisissant celle qui nous semble la plus complète, afin de quitter Phi Phi après une nuit sur place, et de réserver d’autres excursions à partir de Krabi. Une heure plus tard, nous sommes à bord du bateau.

La stabilité de notre embarcation est nettement différente de ce à quoi nous sommes habitués. Ici, ça tangue franchement. Il suffit qu’un des passagers bouge pour qu’on sente un déséquilibre flippant. Cyril a l’air de trouver ça « gameplay ». J’oublie vite cet inconfort, éblouie par les couleurs de l’eau autour de nous. Toutes les nuances de bleu sont visibles, marine en pleine mer, turquoise près des falaises, translucide à l’approche du sable, ciel au-dessus de nos têtes.
La première étape nous amène dans une petite crique, Monkey Beach, où nous apercevons en effet des singes qui se prélassent dans les basses branches. Ils s’approchent, visiblement au courant que quelques visiteurs vont leur tendre des morceaux de bananes malgré l’énorme panneau d’interdiction fixé à la falaise. Nous remontons à bord, c’est l’heure du saut de falaise, qui comme vous l’imaginez, intéressait surtout mon compagnon, mais pas moi. C’est sans regret que je me suis contentée de prendre des photos de son ascension et de sa chute, consciente que je n’aurai ni le cran ni l’envie de l’imiter. Tout de suite après, le guide nous emmène à l’endroit le plus visité des alentours, plage réputée comme la plus belle de Thaïlande, « The Beach » du film du même nom, Maya Bay. L’entrée se trouve entre deux énormes pans de falaises, et c’est effectivement à couper le souffle. A peine le bateau « garé », nous plongeons, l’eau est à température idéale. Nous nageons en dehors de l’espace surveillé où il y a infiniment trop de monde, et longeons une des falaises. Ici il n’y a plus personne. Nous partageons cette eau délicieuse avec le ban de poissons le plus impressionnant, des milliers de minuscules poissons qui nous encerclent…


L’étape suivante, c’est la plongée avec tuba, alternative à la vraie plongée qui permet d’avoir un aperçu plutôt sympa des fonds marins. Cette partie m’a énormément plu. J’ai mis un peu de temps à m’habituer à respirer au tuba, mais le décor qui se cachait sous les vagues était magique. Des dizaines de poissons de toutes les couleurs, des coquillages, des plantes aquatiques bizarres, et encore une fois cette eau d’un bleu irréel… Cyril, qui nage plus vite et plus loin, fait partie d’un petit groupe qui parvient à apercevoir un requin… ! Il me rejoint, nous nageons un instant au milieu d’un ban de poissons perroquets et il me prend la main. C’est parfait.


Regagner le bateau me prend un peu de temps, car il faut nager contre un courant assez puissant. Je suis épuisée après cette nage, et heureusement nous avons ensuite une longue partie de l’excursion qui se déroule à bord. Nous contournons des falaises blanches, puis orangées, pénétrons une crique totalement vide et sombre où l’eau ne dépasse pas un mètre de profondeur, longeons une sorte de grotte à flanc de falaise, aménagée avec des mètres de pilotis en bambou, dans laquelle habite une tribu de pêcheurs.


Le guide jette l’ancre en pleine mer afin d’attendre le coucher du soleil. Nous en profitons pour nager autour du bateau, prendre quelques photos. Au fur et à mesure que la lumière baisse, d’autres bateaux s’installent autour, dans le même but, j’en dénombre 16… Un lieu hautement touristique…
19h, nous amarrons dans une nouvelle crique, un peu plus reculée et refermée que les autres. Les falaises entourent une plage où l’équipe a installé des torches, des néons, un mini-bar et une sono. Je reste bouche bée… Difficile de retranscrire par des mots l’ambiance incroyable de ce lieu, le décalage entre le calme de la nature et l’électricité festive qui se prépare. Nous posons nos affaires, sur fond de musique live (un des marins a pris la casquette de guitariste/chanteur du soir). Le reste de l’équipe met en place le buffet : poulet grillé, crudités, pommes de terre. Puis, c’est le moment du fire-show. Quasiment tout l’équipage y participe, jonglant avec des perches enflammées, ou des boules de feu. Le niveau est impressionnant, même si tout n’est pas parfait, la technicité est réelle et plusieurs ont un très bon niveau de danse.

Le ciel s’obscurcit, les néons prennent leur importance et un autre membre de l’équipage nous révèle ses talents de peintre sur corps, à base de peinture phosphorescente. Il est terriblement doué. La musique emplit l’air et résonne contre les parois de la falaise autour… J’invite Cyril à danser, avant d’aller réclamer une peinture à mon tour. Portant mon maillot de bain, je demande un motif « discret » au niveau du buste. Notre peintre, inspiré, donne de grands coups de pinceaux sur tout mon décolleté, remontant sur le coup et les épaules. Le résultat est magnifique et me donne encore plus envie de danser. Nous nous joignons à un groupe qui arbore diverses peintures corporelles des plus originales. La fête dure encore, nous étions sensés rentrer sur l’île pour 20h, mais il est 22h et nous dansons encore. Lorsque notre « dj » coupe finalement la sono, un bœuf musical s’improvise. Avec un peu d’étonnement, je vois Cyril glapir « oh, celle-là je la connais », et se ruer au milieu du groupe de chanteurs pour s’époumoner avec eux.

Le retour en bateau, de nuit, avec un équipage ivre, c’est quelque chose. Je suis partagée entre la terreur (le bateau tangue encore plus que durant la journée, menaçant de chavirer) et l’enthousiasme du moment (nous continuons du chanter, Queen, Bob Marley, Journey…). Nous accostons, sains et saufs, mais d’humeur encore très festive. Un groupe d’anglais annonce qu’ils partent boire un coup ensuite dans un irish pub. Nous rentrons nous débarbouiller un peu, prenons une bière au passage et rejoignons le lieu indiqué. Cyril n’a plus envie de danser, et je me sens prise d’une fringale. Nous partageons une énorme part de pizza (« partager » est un bien grand mot, je dévore la quasi-totalité de notre encas). Je me sens un peu pompette après la bière (à ma décharge, une « grand format »).

Nous regagnons le dortoir pour nous coucher. Je me réveille quelques temps après, un peu confuse. Cyril est brûlant, je ne sais pas trop si c’est dû à la journée que nous avons passé sur le bateau en pleine chaleur, ou si c’est autre chose.

Ce matin, tout semble aller mieux. Nous partons vagabonder sur une plage, puis arrêt déjeuner. Nous avions repéré hier en marchant une pancarte « challenge burger ». L’assiette qui est servie est colossale : un burger de trois étages (800 grammes), une pile de frites huileuses, une montagne d’onion rings du même acabit et un bol de belle proportion de coleslaw. Gratuit si consommé en moins de trente minutes. Cyril tente l’aventure. Je dois avouer que lorsque la commande arrive, je suis à la limite de l’écœurement tant cela me semble énorme. C’est surtout la viande du burger, d’une couleur assez inédite, qui laisse présager de la complexité de la tâche : ce n’est pas la quantité de nourriture, l’obstacle, mais sa qualité. Cyril tient bon pendant les 15 premières minutes, à un rythme soutenu. Puis il ralentit, arrivant à saturation au bout de la 22ème minute. Nous attendons la fin du décompte pour que je puisse enfin goûter par moi-même le contenu de l’assiette. Les frites sont bonnes, les onion rings débordant de gras à chaque bouchée, mais le burger est simplement immangeable. Du « Soleil vert », probablement. Quand je pense que Cyril en a mangé deux steaks avant de stopper…


Je passe les heures suivantes à veiller sur lui, son teint se rapprochant dangereusement de la couleur de ladite viande hachée. Il a à nouveau un peu de fièvre, donc je pense que ce n’est pas son repas qui l’a rendu patraque, mais plus logiquement un mix entre cette tentative et un reste d’insolation d’hier. Ce qui est drôle, c’est que nous prenons le bateau une grosse heure après l’épisode du burger…


Il y a un peu plus d’un mois maintenant que nous voyageons ensemble. J’essaye de faire un mini-bilan de la situation, mais je ne veux pas m’y attarder et sur-analyser l’expérience. Apprécier l’instant présent, c’est déjà bien. Même si j’ai conscience de temps à autre que nous partageons trop de belles choses pour que ne pas trouver injuste que cela s’arrête bientôt. La certitude et l’intensité de ce que je ressens est régulièrement mise à mal par divers éléments. Ce n’est pas par besoin de me préserver, mais parfois je me sens distante, ce qui n’est pas plus mal. Comme aujourd'hui, où je suis dans un mood amical plus qu'amoureux. Je sais que les prochains mois sont un océan de possibilités, et cela me réjouit, mais il ne peut être part d’aucune de ces suites.


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