Road trip – Partie 1
Mon téléphone sonne à 3h30, c’est Katy.
Ils sont déjà là. Elijah marmonne qu’il n’est pas encore 4h, heure du supposé
rendez-vous pour me récupérer. Je m’extirpe du lit, enfile mes fringues, ajoute
dans mon sac les dernières affaires pour le voyage. Je perds une seconde à
admirer E, presque à nouveau endormi. Il est tellement craquant que je m’estime
la fille la plus chanceuse du monde.
Je file rejoindre le van. Stu est
d’humeur particulièrement joviale. On passe prendre le reste de la troupe,
petite pause chez McDo (qu’ici les locaux appellent Macca’s…) et nous voilà
partis pour 12 heures de route, vers le nord de l’état. Nous sommes 6 au
total : je ferai route avec Stu, Katy, Killa, Ty et Harley.
Le van n’est pas le meilleur endroit pour
dormir malgré mes multiples tentatives pour trouver une position confortable.
Je somnole, ou scrute la route, ou échange quelques mots avec mes comparses. La
plupart des villes que nous traversons ressemblent à des décors de vieux
western, et le reste du paysage est sauvage : de longues plaines à pertes
de vue, des forêts d’eucalyptus, mais pas de kangourous, hormis ceux écrasés
sur le bord de la route.
J’apprécie le dépaysement, l’opportunité
de traverser tout un état australien, l’ambiance sympathique dans la voiture,
et les textos d’Elijah. Je ne suis partie que depuis quelques heures et il me
manque déjà. Shit.
MacKay. A première vue, une petite ville,
mais relativement étendue. Notre destination est un parc de bungalows, assez
accueillant, avec piscine et air de jeux (mais je doute d’avoir l’occasion de
tester les facilités plus en profondeur). Le patron a réservé une cabane pour
les filles, une pour les garçons.
On part faire les courses dans la
supérette la plus chère du coin. J’écume mon budget hebdomadaire pour le
minimum vital, en me demandant vaguement si je vais finir la semaine avec juste
un pack de pain de mie et quelques tranches de pastrami.
Je me sens ridiculement stressée par
cette mission. Tout le monde est unanime : en road trip, tu fais des
ventes et tu exploses des records. Oui, mais, si je n’y arrive pas ?
Je me réveille après 4 heures de sommeil,
il fait trop chaud, et je flippe. J’échange quelques textos avec Elijah pour me
booster.
Nous partons tôt. Stu a repéré le
terrain, nous nous séparons en deux équipes.
Je ne sais pas à quoi je m’attendais. C’est
plus ou moins la même chose qu’une journée normale, hormis que nous allons
passer plus d’heures à prospecter, et que je ne rentrerais pas chez moi ce
soir. Ah, si, il fait aussi plus chaud. Alors que je ne pensais pas que c’était
possible.
Au bout de quatre heures, je suis
complètement vannée. Moralement et physiquement. Je ne sais pas pourquoi je
suis là, pourquoi je m’inflige ça à moi-même. J’ai trop chaud, je suis
complètement déshydratée, et on aurait dû avoir une pause il y a au moins une
heure. Puis la pensée d’annoncer ce soir à E, et à mon formateur, que j’ai
atteint mon objectif, me redonne la motivation.
Je n’en suis pas moins énervée lors de la
pause. Ce sont des détails d’organisation, de considération du groupe, bref,
ces petites choses qui arrivent dans la vie en communauté, mais qui pèsent
soudainement très lourd dans ce road trip. Je ne dis rien, je prends sur moi.
De retour sur le terrain, je veux utiliser cette frustration à mon avantage.
Porte après porte. Sourire. Discours.
Objections. Je fais deux ventes. Soit seulement une de moins que mon objectif
de base. Pas si mal pour un jour où je suis de si mauvaise humeur.
De retour au bungalow, je me fais un
sandwich avant de m’effondrer sur mon lit. Katy propose une brève partie de
poker sur la terrasse.
Elijah m’appelle. Nous restons une
demi-heure à débattre de notre journée. Je me sens brusquement plus proche de
lui que jamais. Comme si notre relation venait de passer un cap. Exactement ce
dont j’avais besoin.
Road trip – Partie 2
Je vais être honnête. J’ai clairement
envie de rentrer. Non, pas en France, mais à Surfers P.
Journée merdique hier, aucune vente,
alors que tout le reste de l’équipe fait des merveilles. Plus les heures
passent, plus j’essaye de me rebooster, de me convaincre que je peux le faire,
mais après 8 heures et presque 140 portes, j’ai atteint ma limite.
Dès notre retour au bungalow, Katy fait
tout ce qu’elle peut pour me remonter le moral. Mettre la musique à fond sur
Taylor Swift, et chanter à tue-tête, ça aide un peu. Un verre de cette liqueur
butterscotch dégueulasse, ça aide aussi. Un appel d’Elijah, ça parfait
l’ensemble.
Les filles partent ensuite dans un délire
compulsif : elles veulent absolument préparer des œufs bénédicte. Je n’en
ai jamais mangé, donc je reste de marbre en les suivant au supermarché. C’est
une violente révélation. Katy les prépare avec du bacon (c’est supposé être du
jambon, il me semble), mais on s’en fout, c’était awesome.
Nous terminons toutes les trois en mode
soirée pyjama, comparant la sexitude de nos ex et nos fantasmes secrets.
Road trip – Partie 3
J’ai eu un second très mauvais jour. Pas
de vente, 166 portes, bref, un doigt d’honneur à toutes les statistiques, et le
meilleur moyen de me murer dans une humeur de merde. Mon patron m’appelle dans
l’après-midi, ferme et clair : soit je remonte la pente, soit je peux
rendre mon t-shirt caritatif lundi matin après le road trip.
J’en viens à penser des choses encore
plus négatives. Une fois de plus, c’est Elijah qui m’a réconfortée. Me
rappelant ce que j’apprécie dans ce boulot, que je peux toujours en trouver un
autre et garder contact avec les gens de l’équipe que j’apprécie tant… Je me
sens tellement forte, grâce à lui.
Jeudi, j’atteins mon record personnel,
avec 3 donations. Stu me file un gros coup de main pour obtenir la première (je
ne comprends pas l’accent aussie bourré de mon donateur). Puis je passe une
super journée, dans un quartier top. Les gens sont sympas, même quand ils ne
sont pas intéressés par mes histoires d’enfants mourants.
Le soir, petite fête avec mes 5
comparses. Les garçons nous préparent un barbecue et nous vidons quelques
bouteilles. Nous hésitons à sortir. Les mecs se décident, mais Katy est
fatiguée et propose de remettre ça au lendemain. Je ne me vois pas suivre
Harley, Stu et Ty dans leur virée couillue.
Le lendemain matin, c’est une autre
histoire. Les garçons ont trop festoyé, nous laissant le temps de nous faire un
petit déjeuner anglais et une escapade piscine. Dur de se remotiver sur le
terrain après, mais j’atteins 2 donations, et me voit offrir moultes boissons
et nourriture sur la route. Y compris un coca par ce mec de 29 ans, riche, qui
mentionne accidentellement dans la conversation qu’il ne verrait aucun
inconvénient à me permettre de prolonger mon visa, parce que je suis tellement
jolie, bla bla bla.
Le soir venu, Katy annonce que nous
sortons entre filles. Je suis un peu à court de cash, donc j’accepte de suivre
pour « prendre un verre ». Au lieu de ça, je passe une nuit
complètement wtf. Vous n’avez qu’à lire la partie 4.
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