#3 : Girls wanna have fun


Day 8 – Apple guest house, chambre 3 – 16h40


La chaleur était encore bien présente hier, et je commence à ressentir une curieuse sensation d’écoeurement à l’idée de manger. Je me limite aux basiques et aux liquides frais, surtout après avoir testé la version locale du Iced Coffee ou Iced Chocolate (réalisé avec du lait concentré sucré, un délice).





Nous optons pour une promenade un peu plus touristique en ce dimanche, ayant pour but le Temple de l’Aube, à savoir un phallus géant fort bien ornementé, entouré de quatre autres phallus de taille plus modeste. Une fois de plus, nous marchons beaucoup, pour atteindre la destination souhaitée. Je ne me sens plus d’attaque pour l’escalade du Temple, qui est par ailleurs déjà admirable vu du bas. Cyril part seul en expédition tandis que j’observe à quelques mètres une sorte de cérémonie religieuse : c’est un peu bizarre, les gens patientent pour entendre un moine prononcer une lithanie ponctuée de coups de gong.




Nous nous égarons un peu en revenant. Alors que nous traversons un marché, je propose une nouvelle technique de découverte de la ville, en bus : le réseau des bus semble assez complexe (notamment parce que les destinations y sont indiquées mais en thaïlandais, impossible donc de les utiliser pour les touristes). Dans l’idée, je suggère que nous prenions n’importe quel bus, et que nous verrons bien où ça nous mène. En voici justement un. L’engin a un je-ne-sais-quoi de folklorique, avec sa conduite un peu chaotique à la première accélération, et  une sorte de tapis rembourré à l’avant, juste à côté du chauffeur, où l’on peut s’asseoir. Je m’y installe, invitée d’un geste de la main par une femme. Les locaux autour semblent un peu surpris de nous voir là d’ailleurs. Une petite fille et sa sœur ne me quittent pas des yeux, en particulier quand je parle en français à mon compatriote.

Nous roulons dans une zone assez moche et éloignée du centre-ville (« on va arriver à Poissy » indique Cyril). Nous trouvons un autre marché, où nous sommes apparemment les seuls touristes paumés. C’est peut-être une impression mais les gens me paraissent plus souriants et chaleureux à cet endroit. Cyril en profite pour de nouvelles expériences culinaires à base de pudding (miel, banane) et d’un jus de coco servi dans un sachet de plastique. Nous revenons ensuite sur nos pas via un autre bus dans le sens opposé. En réalité nous n’avons pas la moindre idée de l’endroit où nous sommes. Nous tentons d’évaluer cela sur une carte, je demande confirmation au contrôleur du bus. Le terminus est en fait assez proche de notre quartier, ce qui est une fort bonne nouvelle, mes pieds le concèdent.

Le manque de sommeil se fait de plus en plus sentir et de retour à notre chambre, je m’éclipse un instant pour vérifier mes mails, décidée à revenir me coucher aussitôt malgré l’heure (22h). Sauf que je croise devant la guest house, l’anglaise avec qui j’avais échangé quelques mots lors de ma première journée. Holly part demain vers le nord du pays et compte bien festoyer un peu en compagnie d’autres personnes de la guest house. Je discute quelques instants avec eux et une dénommée Helen, que j’avais déjà croisé avec Cyril, insiste pour que je les accompagne boire et danser au Happy Bar, à quelques minutes d’ici. J’hésite brièvement. Cette fille a l’air cool, j’en conclus que je dormirais plus tard et je remonte chercher Cyril, qui est partant aussi.

Le Happy Bar est un minuscule établissement planqué dans un coin de ruelle sombre. Notre serveur est un type adorable, qui nous explique qu’il était moine jusqu’à la semaine dernière mais qu’il vient de se retirer pour profiter un peu plus… L’ambiance, d’abord du reggae, change rapidement avec un peu de musique live et une chanteuse plutôt douée. Après notre troisième bucket (alcool servi en seau, à partager avec sa tablée), j’entonne les refrains et danse avec Helen, sous le regard intrigué de Cyril.

A plusieurs reprises, Helen me propose de voyager à ses côtés. Elle me dit avoir perçu quelque chose en moi, que je lui rappelle sa petite sœur, et qu’à n’importe quel moment, si mon compagnon de voyage n’était plus à la hauteur, je pourrais switcher, la rejoindre, faire la fête et draguer de beaux mecs. Et c’est dire si la demoiselle sait y faire : tous les mâles du bar l’observent avec intérêt, en particulier un séduisant globetrotter blond originaire de Grenoble qu’elle a pris comme rencart pour la soirée. J’admire l’attitude de cette fille, son cran, son charme. Je me sens fondamentalement bien, en confiance, j’ai envie de m’amuser, et mon ego est indubitablement regonflé par ce que cette jeune femme semble voir en moi. Sans oublier les regards à la dérobée de Cyril qui sirote sa bière en bavardant avec le blondinet, Marco.
J’échange aussi beaucoup avec ce français, quatre ans qu’il est sur les routes du Monde malgré son jeune âge. 23 ans et une maturité assez rare. Deux belles rencontres, ce soir.

La soirée continue, Cyril me rejoint pour un slow langoureux. Il est un peu plus d’une heure quand nous rentrons, joyeusement alcoolisés.
Je me sers contre lui, avec cette sensation que les trois derniers mois n’ont pas réellement existé, que les choses sont comme avant et je savoure cette sensation temporaire et délicieusement fausse.




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