Day 10 :
MacDonald Kaosan Road – 12h15
J’ai eu une journée un peu bad où je me sentais totalement
éreintée, par le changement d’horaires, de climat et d’alimentation. On s’est
fait une ballade dans un marché dans un quartier paumé, où Cyril a trouvé des
crêpes. Mais j’avais surtout besoin et envie de dormir…
Hier, journée plutôt réjouissante. Nous partons en
expédition au Siam Center à la recherche d’un cinéma. Je m’enthousiasme à l’idée
de me dire « mmh, je vais au cinéma en bateau » (moyen de transport
le plus simple à utiliser, en dépit du temps d’attente un peu long entre chaque
navette).
Juste avant, nous faisons un crochet par un coiffeur, Cyril
revenant sans cesse sur son malheur d’avoir les cheveux trop longs. Dire que je
le trouve attirant à cet instant serait un euphémisme.
Au Siam Center, nous trouvons le multiplex, qui ne diffuse
plus « Le Hobbit ». Mes lecteurs les plus avisés imagineront mon
désarroi face à cette nouvelle. En revanche, « Les Misérables »
passe. Cyril est assez dubitatif, et semble préférer aller voir n’importe
quelle niaiserie plutôt qu’une comédie musicale. Je suis bien évidemment
embêtée à l’idée d’aller sangloter toute seule pendant près de trois heures
dans une salle obscure… J’insiste pour qu’il m’accompagne, mais non, il ne veut
pas. La séance suivante est dans une heure, nous en profitons pour grignoter un
truc. Je me décide pour des frites et une sorte de shake pétillant à base de
coca, une vraie tuerie.
Finalement alors que je remonte acheter mon ticket, Cyril
déclare qu’il veut m’accompagner (WTF ?). Je jubile. Rappelons tout de
même que j’attends ce film depuis des mois, que je craignais de ne pas le voir
du tout sur grand écran au vu du timing de ce voyage, et du coup, le fait de le
partager avec lui… Je redoute cependant qu’il passe un mauvais moment. Bref,
nous voici dans la salle. Petite spécificité, les places s’achètent numérotées,
comme au théâtre chez nous.
Moment de stupéfaction quand, à la suite des bandes
annonces, une sorte de publicité rappelant la grandeur du roi de Thaïlande fait
son apparition à l’écran. Et que tous les spectateurs se lèvent en signe de respect,
comme un seul homme.
Le film commence. C’est grandiose. La musique est évidemment
toujours un chef d’œuvre de perfection, et les acteurs s’en sortent
admirablement. Je ne manque pas de fondre en larmes lors de mes tableaux
préférés (combien de fois ai-je pleuré en écoutant « Bring him home »
ces derniers mois…). Cyril ne bronche pas, apparemment pas si mécontent du film
que je n’aurais pu le craindre.
En fait, il dit même qu’il a plutôt apprécié. Comme quoi…
Nous reprenons notre promenade dans le centre commercial, attrapant quelques
bricoles à grignoter. Retour en bus, aidés par une locale, et mon compagnon
décide qu’il se sent d’attaque pour une virée nocturne.
Cocktails et chicha aromatisée à la pomme dans un bar aux
goûts musicaux savoureux (Katy Perry, Rihanna et OneD, je me sens dans mon
élément). J’ai de plus en plus de mal à ne pas succomber totalement à la
mièvevrie, au fur et à mesure que mon verre se vide. La fumée et l’alcool
laissent mon esprit brumeux… Dans la foulée, j’en
arrive à la conclusion que je dois faire un cadeau à Cyril : un de ses
appétissants amuse-gueule proposé sur la Kaosan, un scorpion grillé. Je ramène
la bestiole, alors que je peux à peine la toucher. Nous l’observons assez
longuement avant que Cyril ne se lance (« on va commencer par la queue »…).
Du coup, je ne peux plus me dégonfler… Malgré mes efforts, impossible de ne pas
penser très nettement que ce truc croustillant et salé dans ma bouche est une
pince de scorpion. Un second cocktail s’impose.
Si je le pouvais, je bloquerais le temps sur cet endroit et
ce moment. Ce bar. Lui, son regard, son sourire. La conscience aigüe que mes
sentiments refont surface avec autant de rapidité que d’intensité. La
conscience encore plus aigüe qu’il ne le remarque pas, même s’il semble ravi de
la tendresse de nos échanges.
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