20 janvier, 14h48
Nous sommes mardis, et à quatre jours de
notre départ de la ferme, je sens l’anxiété augmenter. Que vais-je faire de ma
vie à présent ?
Je n’ai pas vraiment d’impératifs
immédiats, et mes deux prochaines destinations (chut, c’est un secret) sont
prévues pour respectivement avril et mai. Est-ce que je reste en Australie un
mois de plus ? Deux ? Trois ?
Je ne pense pas faire davantage de
woofing (travail dans les fermes qui permet de prolonger son visa). J’aime le
concept, et l’atmosphère qui règle au centre Krishna, mais je ne me vois pas
passer deux ans en Australie.
Les journées restent rythmées,
régulières. Yoga, champs, repas, champs, repas, yoga, repas. Elisa, sur les
conseils du gourou, a entamé une diet à base de pastèques. L’idée est sympa,
mais je n’ai pas suivi le mouvement : concrètement, nous échangeons nos
heures de travail contre des repas indiens délicieux et complets. C’est donc,
je pense, le pire endroit pour un régime mono-alimentaire…
Dans les nouvelles activités :
ramassage de haricots verts, matinée en cuisine pour la préparation de plats
vegan, et depuis ce matin, j’ai intégré l’équipe qui s’occupe du nettoyage du
centre (plutôt cool quand on part du principe qu’on n’a pas à enlever les
araignées géantes, ni leurs toiles) et de la préparation des jus de fruits bio
vendus par le centre.
J’étais toute excitée de la réalisation
de ma bouteille de « Douceur Tropicale », un jus à base d’oranges,
bananes et pastèques. C’est largement plus gratifiant et moins difficile que le
travail dans les champs.
Côté temps libre, on multiplie les
ateliers massages. Une des volontaires pratique l’aromathérapie et m’a
littéralement endormie hier après-midi avec un massage des mains. Aya, une
camarade japonaise, m’a demandé de lui montrer comment on « danse de
manière sexy », et bien que je doute d’être hautement qualifiée, j’ai
transformé la salle de yoga en boom pour une soirée. Un « Wobble »
que je dédie à tous mes lecteurs cast members, s’il y en a.
Ce matin, nous avons également eu un
atelier sur la maîtrise de nos peurs. C’était plutôt intéressant.
Dans l’ensemble, il faut avouer que cette
vie est proche de la perfection : cadre sympa, équipe adorable, vie saine,
emploi du temps régulier (ça vide la tête, et ça fait du bien), bonne bouffe et
loisirs. Je pourrais considérer de rester plus longtemps malgré le camping,
mais je ne veux pas me retrouver bloquée ici, et dans tous les cas, ce n’est
pas ici que je pourrais trouver la réponse à mes questions.
27 janvier, 15h01
Il est difficile de contenir en quelques
mots combien j’ai l’impression d’avoir changée en deux semaines. Je me suis
intéressée à de nouveaux sujets, appris, repensé. J’ai été intriguée par des
formes d’alimentation et des courants de pensées différents. J’ai rencontré des
personnes tellement douces et gentilles qu’elles paraissaient d’un autre monde.
J’ai découvert des formes de relaxation et de partage que j’ai envie de me
rappeler pour la suite.
Durant les derniers jours, nous avons
passé beaucoup de temps avec le gourou du centre, en partie parce que nous
avions des discussions de fond sur la gestion de la ferme, mais également pour
échanger autour de la spiritualité. Mercredi, nous nous joignons même à un
groupe de religieux pour une séance de yoga kirtan publique. Nous nous
retrouvons en plein centre de Byron Bay, chantant nos « Hare
Krishna » à la foule étonnée.
L’avant-veille de notre départ, le gourou
nous conduit à un concert dans un temple Krishna. La route, après un moment, me
semble familière, et pour cause : le temple se situe à Surfers, ce que je
peine à qualifier de bonne surprise. Je n’ai pas envie d’être dans cette ville,
pas maintenant, pas alors que j’ai encore l’esprit si embrouillé. Elisa me
comprend sans même échanger un mot.
Alors que nous entrons dans le temple, je
me calme. L’atmosphère est tellement coupée du reste du monde que je peux
imaginer être n’importe où.
Durant les balances, on nous a confié la
tâche de préparer des guirlandes de fleurs pour décorer la salle. Je chantonne
gaiement, et notre éminent gourou me demande de me joindre à lui sur scène pour
le kirtan de ce soir. C’est à la fois étrange et gratifiant. Il règne durant ce
concert une aura apaisante. Un peu comme au sommet du Mount Warning, je me sens
libre et sereine, comme si j’avais déjà toutes les réponses à mes questions.
La dernière soirée est consacrée à une
boom ! Le centre est quasiment vide, hormis les quelques volontaires dont
je suis le plus proche, et la fête se tient dans la salle de yoga. L’ambiance
est incroyable et nous dansons pendant près de deux heures malgré la
température infernale.
Vendredi matin : dernier cours de
yoga. Durant la méditation, je laisse couler une larme, et quand j’ouvre les
yeux, je réalise que je ne suis pas la seule. En fait, il n’y a que le gourou
et Elisa qui sourient encore. Nous nous acquittons de nos deux dernières heures
de woofing, avant de prendre la route après nos adieux à toute l’équipe.
Sur le chemin du retour, un détour
d’impose. Nous avons rencontré à la ferme, lors du festin dominical, un dénommé
Ryan, qui nous a proposé de passer le voir. La particularité de Ryan, c’est
qu’il est tatoueur « manuel », c’est-à-dire qu’il n’utilise pas de
machine, mais dessine directement à l’encre avec son aiguille. L’occasion pour
Elisa d’avoir son premier tatouage…
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