#4 : je dis M...


30 juin, 8h56

Que faire, un samedi soir, après que mon plan initial de sortie (l’anniversaire de la sœur de Megan) soit tombé à l’eau ?... Sandra est crevée et propose qu’on se voit demain au bord la piscine. Florine est en week-end à Miami. Et Yann doit être avec une de ses nombreuses conquêtes.

Je me retrouve donc, « totalement par hasard », devant chez ce mec. Appelons-le « M ». Oui, comme le sandwich chez Mcdo. Depuis notre récente rencontre, ça a été un déclic. Tout de suite, je me suis dit qu’on allait être potes. Genre proches. Genre même, le premier pote à appeler en cas de petit coup de déprime, parce qu’il est fun. En plus d’avoir le même humour foireux, on a déjà eu deux discussions assez intimes, ce qui fait que j’ai l’impression que je peux lui faire confiance, et que réciproquement, on ne se jugera pas.

Je frappe donc à sa porte, parce qu’une troisième « discussion intime » s’impose. Ou un before, parce que je dois rejoindre les autres après au partybus, et que pour l’instant, je suis d’humeur approximative.


Mon interlocuteur s’excuse d’être en pleine leçon de guitare, m’offrant un verre et une place de spectatrice pour juger de son talent. Je déconne en lui disant qu’il est obligé de me jouer « Nothing else matters ». Il tourne alors vers moi son écran d’ordi, affichant la partition qu’il était entrain de bosser. Je vous laisse deviner… « On doit être connecté », dit-il en reprenant son instrument.






L’ambiance est un peu bizarre, parce que vraiment très amical : on partage un pot de glace vanille en parlant de nos ex, ou de la fille qu’il a rencontrée dans le bus cette semaine et qui le bombarde de sms équivoques. Pour un peu, on finirait la soirée devant une comédie à s’envoyer des high five toutes les deux secondes parce qu’on a sorti une bonne vanne. Ok, mais alors pourquoi, avant même d’avoir fini mon premier verre de vodka, je me sens gênée de le voir changer de t-shirt… ? Ce mec a beau ne pas être mon genre, il a quand même de sérieux arguments.

Je ne sais pas si je dois donner à la conversation une tournure ambigue, je n’ose pas, parce que j’ai vraiment pas l’impression que ça puisse être réciproque. Je m’en voudrais si je gâchais si rapidement notre amitié naissante. On va donc en rester aux vannes à l’humour douteux.

On file à l’arrêt du partybus. Ce n’est pas le bon, apparemment, mais celui-ci va à downtown Orlando où il y a une block party. Pourquoi pas… ?
Je ne sais pas trop comment ni pourquoi, mais à peine assis, nos mains se frôlent. Ce contact est électrique, et tous ceux qui vont suivre, de même. On arrive au centre-ville, on trouve la block party. La rue bloquée est une succession de bars, et l’endroit est surpeuplé. On rentre dans le premier bar, évoquant l’idée de se séparer pour aller draguer chacun de notre côté. Il y a une demie-heure l’idée me paraissait brillante, mais plus maintenant. Et c’est apparemment réciproque… On danse, on change de bar, on danse à nouveau. On fait même un petit tour dans les rues d’Orlando, pour s’éloigner un peu du bruit.


Au moment de rejoindre le bus, on rencontre deux ricaines du College program, plutôt cools, Ashley et Erica, avec qui on fait le trajet de retour. Ashley et moi avons tellement de points communs que ça en est déstabilisant (je jalouse fortement le moment où elle m’avoue avoir rencontré Miley…). J’ai un petit moment de satisfaction personnelle quand les deux filles admettent en riant que mon compagnon de ce soir est cute… Oui, je suis plutôt d’accord.


Mon cavalier me raccompagne jusqu’à ma porte… enfin, jusqu’à mon salon, où Emanuela surprend un baiser, et ne dit pas un mot (jusqu’au lendemain matin, en tous cas… !).
Il y avait un moment que je ne m’étais pas endormie avec dans la tête, uniquement des pensées positives.

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1er juillet, 8h56


J’ai revu M hier soir, avec un timing un peu bizarre. Alors que je rentre d’un jacuzzi avec Sandra et ses camarades de la boulangerie, je reçois un message de M, qui propose de me rejoindre après sa soirée en cours… Je tue le temps avec Mallory, Dixie et son boyfriend anglo-germanique à l’accent incompréhensible. L’ambiance est assez indescriptible, jusqu’au moment où j’intercepte M, devant mon immeuble. Je le préviens que mes collocs canadiennes vont probablement vouloir « voir de quoi il a l’air »… Deux secondes après, il est dans leur chambre, soucieux de se présenter, avec une décontraction qui me surprend un peu. Et qui ne manque pas de charme. Un peu trop, pour un « pote », n’est-ce pas.


On se pose dans le salon, on parle, on rigole, on dirait presque une soirée pyjama… Jusqu’au moment où je me demande si ça serait différent de l’embrasser sans l’état d’ébriété de la veille.


Ce mec a décidément un certain talent pour me faire zapper mon état de nostalgie récurrente. 

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