1et octobre – Backpackers in Paradise,
Surfers Paradise - 18h52 heure locale
Je ne sais pas par où commencer. Journée
un peu dingue. Tout d’abord, l’info importante c’est que je suis tellement
épuisée que les évènements me glissent un peu dessus sans que je ne percute, ou
alors furtivement. La nuit dans le bus a été moins horrible que ce que j’aurais
pu penser, et en même temps, beaucoup plus longue.
Je me retrouve à bord avec un charmant
jeune américain qui discutera longuement avec moi, avant de se montrer
désintéressé quand il découvre que nous n’allons pas dans la même ville.
Curieux…
Les heures s’écoulent, interminables. Je
ne trouve pas le sommeil dans ces conditions, alors que je suis pourtant bel et
bien fatiguée. Je m’assoupis, me tourne dans tous les sens en essayant de ne
pas me vautrer, trompe l’ennui avec un film et quelques mp3.
A 4 heures du matin, je me réveille en
sursaut sur un mauvais rêve. J’ouvre les yeux sur le lever de soleil dans ce
paysage. La route s’ensoleille en quelques minutes, et les champs de maïs tout
autour du bus laissent s’envoler de douces volutes d’une épaisse brume. C’est
incroyablement beau et apaisant.
Alors que nous remontons la côte, le
paysage continue de s’embellir, lorsqu’enfin, nous atteignons un port dont je
n’ai pas retenu le nom, et Surfers Paradise se découpe dans le lointain.
Exactement identique aux photos, forêt de gratte-ciels visible de loin, tours
d’argent se distinguant sur l’étendue turquoise de l’océan. Mon cœur bat plus
vite, à la fois d’appréhension et d’excitation.
Une fois au centre-ville, je trouve mon
auberge en quelques secondes. 300 mètres de l’arrêt du bus, ça ne s’invente pas
(ils disent 100 mètres sur la brochure, mais ça doit être à vol d’oiseau). Je
dois encore patienter trois heures pour que le check-in soit ouvert. Mon
premier réflexe sera de prendre une bonne douche, le second, de mettre à jour
mon statut Facebook.
Puis les choses se corsent. J’ai moultes
missions. Déjà, ça serait pas mal si je rangeais de côté ma timidité
occasionnelle qui a décidé de s’inviter en ce début de séjours. Je suis
ridiculement trop intimidée par cette masse de backpackers qui déjeunent sur la
terrasse ou au bord de la piscine. Que des couples, ou des groupes d’amis. Pas
d’aventurier solo. Bah tiens, ça va être facile de nouer contact… J’ai aussi à
gérer ma recherche de boulot. Autant commencer par ça. Version porte-à-porte.
Je m’empare d’une poignée de cv, m’affuble d’une couche de mascara et d’un t-shirt
propre, et remonte la rue principale de SParadise.
J’essaye de faire un tri logique :
évidemment, les quelques shops qui ont un panneau « Staff needed »,
mais aussi les grandes enseignes où mon accent ne les dérangera pas, au
contraire. Le souci majeur, c’est que la majorité des offres seront dans la
restauration, que pour la majorité de ces restaurants, il y aura de la vente
d’alcool, et que je ne dispose pas de ma licence. Il s’agit d’un cours à suivre
en ligne (ouais, un putain d’E-learning) et payant. Je n’envisage de m’en munir
qu’en cas d’échec répété de mes démarches.
Sinon, il est bien joli, ce centre-ville.
Je range rapidement mes envies de shopping en voyant les tarifs affichés (ça
pour m’avoir prévenu, on m’avait prévenu), mais me note quelques idées de
sorties au passage.
Sensation étrange alors que je découvre
le CClub qui a employé C l’année dernière. J’en avais l’image d’un
endroit complètement étriqué et miteux, il n’en est rien. Geo, le vieux
patron esclavagiste de l’établissement, m’avoue qu’il a tout ce qu’il faut
niveau serveuses, mais qu’il garde mon cv de côté. Tu m’étonnes, avec toute
l’expérience que j’ai dans le domaine, il serait bête de s’en priver… (pour
ceux qui d’un coup n’ont pas saisi le sarcasme, je n’ai absolument jamais bossé
en tant que serveuse… ah si… une journée…).
De retour à mon auberge car j’ai épuisé
mon stock de cv hyper rapidement. Pas sûre que ça soit bon signe. Je
recommencerai ma prospection demain, et change ma stratégie en envoyant
quelques mails, en zieutant les annonces sur Gumtree. J’ai peur que ça ne donne
rien, a priori les gens préfèrent être contactés par téléphone, mais ici, info
importante : je suis pour l’instant infoutue de comprendre leur accent,
aux australiens.
On me rassure, cela tient à quelques
jours, pour s’habituer.
A 17h, un barbecue s’organise. L’auberge
fournit pain, sauces et viandes pour 5$, ce qui est un bon deal au vu des
tarifs du pays. Je discute un peu avec deux italiens que j’ai croisés plus tôt
dans mon dortoir de 20. De l’autre côté de la piscine, un type à casquette ne
me quitte pas des yeux. Je finis mon sandwich, rencontrant ensuite un duo de
voyageuses, l’une anglaise, l’autre canadienne. Après trois jours de trajet,
c’est une vraie bénédiction de discuter avec des gens, qui plus est, des
backpackers. Je retrouve un peu de cette étincelle qui m’avait bluffée et rendu
envieuse quand j’ai connu Holly et Helen en Thaïlande. Je ne sais pas si
j’aurai un jour cette aisance en abordant les gens, mais j’y travaille.
Alors que les filles partent pour une
quelconque soirée organisée en ville, je passe mon tour. Je veux juste pioncer.
Dans un lit. Le bonheur. Je monte au dortoir, arrêtée dans l’escalier par un
« hey » enthousiaste. Le gars de la piscine. Maçon de son état, en
vacances cette semaine avec ses potes, 20 ans, et australien, ce qui rend la
conversation un peu lente : je dois lui faire répéter chaque phrase deux
fois, avec parfois un jeu de mimes pour la troisième. L’accent et les bières
qu’il a au compteur font un mélange amusant.
Après dix minutes de banalité, il m’avoue
qu’il aimerait qu’on aille se promener demain. WTF ? Je ne suis pas sûre
de rechercher plus de proximité. Non, vraiment, pas sûre que ça ira plus loin. En
même temps, il est mignon, sa maladresse le rend charmant, et une proposition
de rendez-vous moins de 10 heures après mon arrivée, ça ne peut que me faire
avancer dans la bonne direction. Il s’en va après avoir demandé quatre fois si
j’étais vraiment d’accord, comme si je venais radicalement de changer le cours
de ses vacances…
J’atteins enfin les escaliers, puis le
dortoir. Il est vide, à l’exception de deux canadiennes qui discutent
calmement. En apprenant que je viens d’arriver, elles me conseillent de profiter
des heures de silence : tout le monde est parti danser (il est 20 heures),
et je peux espérer quatre ou cinq heures de vrai sommeil. Sur ces bonnes
paroles, je vais donc me coucher.
Des photos !!! Des photos !!!
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