#VID5 : Ferme - Episode 3

16 janvier, 15h12


Le temps passe tellement vite ici …

Dans les diverses tâches auxquels j’ai été affectée, il y a eu beaucoup, beaucoup de désherbage, ramassage et nettoyage de tomates vertes, plantage d’aubergines. On est tout le temps avec le même petit groupe, ce qui est pratique pour bavarder. La chaleur est assez étouffante, ce qui n’aide pas pour le travail dans les champs, ni pour les nuits dans la voiture.

Elisa et moi avons eu une brève virée dans la civilisation, au supermarché du coin, pour recharger en essence et en soda.

Je constate à quel point entre les heures de jardinage et de méditation, mon esprit revient toujours aux mêmes questions.


Il y a eu notamment cette session de yoga kirtan avec un ramana (prêtre krishna) où nous avons échangé sur la réincarnation. Dans leur croyance, le désir le plus important de notre vie actuelle, serait l’acte non accomplie dans notre vie précédente. Non, je ne vais pas me convertir, mais je trouve fascinant d’avoir cette approche honnête sur une autre religion, un autre point de vue.

Généralement, tôt le matin, j’ai une sorte de crise où je me sens triste, amère, abattue, et au fur et à mesure de la journée, je passe par des phases de détente, d’acceptation, d’indifférence, de patience et de joie. Etre entourée de personnes positives aide probablement beaucoup.

Prenons par exemple cette pause, hier après-midi, où nous sommes partis avec un groupe d’italiens, d’allemands et de français, pour la rivière à proximité. Ce coin en particulier est surnommé le roc massant, parce qu’il y a des rapides sur environ un mètre avant le point d’eau où l’on peut se baigner, et que s’asseoir dans les rochers où il y a ces rapides revient à un délicieux moment d’hydro-massage. Je suis là, allongée dans l’eau, sur les rochers, avec le soleil brûlant, le ciel d’un bleu irréel, je souris aux blagues vaseuses des deux autres français du groupe, et l’eau tiède ricoche tout autour de moi, sous mon dos comme un matelas rafraichissant, et je ne pense plus.


Je ne sais pas quoi faire à l’issue de mon séjour dans cette ferme. J’attends des réponses. Est-ce que je dois faire un mois de plus à frapper aux portes pour des associations caritatives ? Est-ce que je dois envisager de quitter Surfers P, ce qui rendra mon départ d’Australie moins facile ? (je souhaitais rester aux alentours de Brisbane, puisque les vols en partance sont au même prix qu’au départ de Sydney). Dois-je avancer mon départ ou le retarder un peu ? Comment puis-je réserver un billet un mois à l’avance et savoir ce que me réservera le mois en question ?


Pour l’instant, je reste sur l’instant présent, j’essaye de balayer le passé (et ses personnages) à la seule place qu’ils méritent, je passe de bons moments dans cet endroit où je ne suis pas à ma place, avec ces personnes si différentes, je n’essaye même pas de m’intégrer, j’essaye simplement de recentrer mes pensées sur ce que j’ai envie d’être et de faire. J’écris à nouveau, sur un nouveau projet dont je parlerais peut-être plus en détail plus tard (non pas que je veuille jouer la carte du mystère, mais parce que ce n’est pas réellement mon projet, mais celui d’un pote qui m’a demandé un coup de main).

Ce matin, le désherbage a été agrémenté de trois heures de chant. J’étais avec deux de mes nouveaux camarades « hippies » (je ne peux me résoudre à les appeler autrement, avec le style vestimentaire Tréguieresque, leurs dreads et leurs pieds nus). Et j’ai été étonnée de les voir entonner avec moi les tubes de Sclub7, Spice Girls, et quelques titres de Disney.


Elisa m’a plus ou moins convaincue de partir pour un trek nocturne avec elle ce soir. Il y a une montagne derrière la ferme, renommée parce que c’est le premier endroit d’où le soleil est visible à son lever en Australie. Je suis un peu anxieuse quant à l’aspect sportif de l’excursion (on se rappelle mon pénible trek dans la jungle avec C), mais pour quelqu’un qui revendique un besoin de nouvelles expériences, je ne peux décemment pas dire non…




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