16 janvier, 15h12
Le temps passe tellement vite ici …
Dans les diverses tâches auxquels j’ai
été affectée, il y a eu beaucoup, beaucoup de désherbage, ramassage et
nettoyage de tomates vertes, plantage d’aubergines. On est tout le temps
avec le même petit groupe, ce qui est pratique pour bavarder. La chaleur est
assez étouffante, ce qui n’aide pas pour le travail dans les champs, ni pour
les nuits dans la voiture.
Elisa et moi avons eu une brève virée
dans la civilisation, au supermarché du coin, pour recharger en essence et en
soda.
Je constate à quel point entre les heures
de jardinage et de méditation, mon esprit revient toujours aux mêmes questions.
Il y a eu notamment cette session de yoga
kirtan avec un ramana (prêtre krishna) où nous avons échangé sur la
réincarnation. Dans leur croyance, le désir le plus important de notre vie
actuelle, serait l’acte non accomplie dans notre vie précédente. Non, je ne
vais pas me convertir, mais je trouve fascinant d’avoir cette approche honnête
sur une autre religion, un autre point de vue.
Généralement, tôt le matin, j’ai une
sorte de crise où je me sens triste, amère, abattue, et au fur et à mesure de
la journée, je passe par des phases de détente, d’acceptation, d’indifférence,
de patience et de joie. Etre entourée de personnes positives aide probablement
beaucoup.
Prenons par exemple cette pause, hier
après-midi, où nous sommes partis avec un groupe d’italiens, d’allemands et de
français, pour la rivière à proximité. Ce coin en particulier est surnommé le
roc massant, parce qu’il y a des rapides sur environ un mètre avant le point
d’eau où l’on peut se baigner, et que s’asseoir dans les rochers où il y a ces
rapides revient à un délicieux moment d’hydro-massage. Je suis là, allongée
dans l’eau, sur les rochers, avec le soleil brûlant, le ciel d’un bleu irréel,
je souris aux blagues vaseuses des deux autres français du groupe, et l’eau
tiède ricoche tout autour de moi, sous mon dos comme un matelas rafraichissant,
et je ne pense plus.
Je ne sais pas quoi faire à l’issue de
mon séjour dans cette ferme. J’attends des réponses. Est-ce que je dois faire
un mois de plus à frapper aux portes pour des associations caritatives ?
Est-ce que je dois envisager de quitter Surfers P, ce qui rendra mon départ
d’Australie moins facile ? (je souhaitais rester aux alentours de
Brisbane, puisque les vols en partance sont au même prix qu’au départ de
Sydney). Dois-je avancer mon départ ou le retarder un peu ? Comment
puis-je réserver un billet un mois à l’avance et savoir ce que me réservera le
mois en question ?
Pour l’instant, je reste sur l’instant
présent, j’essaye de balayer le passé (et ses personnages) à la seule place
qu’ils méritent, je passe de bons moments dans cet endroit où je ne suis pas à
ma place, avec ces personnes si différentes, je n’essaye même pas de
m’intégrer, j’essaye simplement de recentrer mes pensées sur ce que j’ai envie
d’être et de faire. J’écris à nouveau, sur un nouveau projet dont je parlerais
peut-être plus en détail plus tard (non pas que je veuille jouer la carte du
mystère, mais parce que ce n’est pas réellement mon projet, mais celui d’un
pote qui m’a demandé un coup de main).
Ce matin, le désherbage a été agrémenté
de trois heures de chant. J’étais avec deux de mes nouveaux camarades
« hippies » (je ne peux me résoudre à les appeler autrement, avec le
style vestimentaire Tréguieresque, leurs dreads et leurs pieds nus). Et j’ai
été étonnée de les voir entonner avec moi les tubes de Sclub7, Spice Girls, et
quelques titres de Disney.
Elisa m’a plus ou moins convaincue de
partir pour un trek nocturne avec elle ce soir. Il y a une montagne derrière la
ferme, renommée parce que c’est le premier endroit d’où le soleil est visible à
son lever en Australie. Je suis un peu anxieuse quant à l’aspect sportif de
l’excursion (on se rappelle mon pénible trek dans la jungle avec C), mais pour
quelqu’un qui revendique un besoin de nouvelles expériences, je ne peux
décemment pas dire non…
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