Day 12 :
Quelque part au milieu de Chang mai – 9h06
Interviewer
fictif : Vous avez envie de continuer de voyager ?
Moi :
Oui.
Interviewer
fictif : Avec Cyril ?
Moi :
Non merci.
Interviewer
fictif : Considérez-vous être toujours follement amoureuse de lui ?
Moi :
Non merci.
La nuit en
bus fut un moment assez inconfortable, comme on pouvait s’y attendre.
Effectivement, la clim était trop forte et l’inclinaison des sièges, pas assez.
Il y a bien eu un moment sympa, vers minuit, quand on s’est arrêté à une sorte
d’aire d’autoroute spacieuse, version luxe (terrasse avec lampions et fontaine
ouvragée, s’il vous plait). De retour dans le bus, Cyril et moi regardons un
film sur son netbook (Real Steel, que j’ai trouvé plutôt bien foutu).
J’ai la
sensation d’avoir dormi à peine un quart d’heure quand un homme annonce que
nous sommes les bienvenus à Chang Mai. Des navettes attendent sur le parking.
Et là, c’est le drame. Cyril a très envie que nous rejoignons la ville par nos
propres moyens, la navette étant un peu chère. Le thaï a l’air de trouver ça
drôle, rappelle que nous sommes à une dizaine de kilomètres du centre et hausse
les épaules.
Cyril :
Il te dit ça pour que tu prennes sa navette, mais il doit y avoir… 3 kilomètres
seulement. On peut marcher.
Oui, on peut.
La première découverte que je fais, c’est que le décor va être féérique. Nous
marchons… sur le bord d’une autoroute. Si, si. La seconde découverte, c’est que
le thaï et sa navette ne racontaient pas de conneries. Malgré les pauses, je me
sens rapidement dépassée par les évènements et par mon paquetage de 17 kilos.
J’essaye de me plaindre le moins possible, jouant la carte de l’ironie, mais
mon dieu que je me force. Je continue à mettre un pied devant l’autre avec
l’idée fixe que, sinon, Cyril pensera que je suis faible et il ne voudra pas
considérer de voyager avec moi par la suite. La goutte d’eau qui fait déborder
le fleuve survient après une heure trente de bonheur absolu, quand mon
compagnon, gentleman jusqu’au bout, remarque que je «ne marche pas assez vite ».
Queeeuhaaa ?
Une chance
pour lui que je n’ai ni enclume, ni tournevis sur moi. Parce que je peux faire
mal, moi, avec un tournevis. Je me mure dans un silence équivoque,
ressassant de sombres pensées. La vérité c’est qu’il ne voit pas les efforts
que je fais. Ni maintenant ni de manière générale. Que, quand bien même, ça
n’est jamais suffisant. Nous nous sommes retrouvés depuis 10 jours, soit un
tiers de la période que je dois passer avec lui, et il alterne les jours où il
semble heureux à mes côtés avec ceux où l’indifférence règne. Je ne sais plus
si j’ai envie de me prendre ce genre de portes dans la gueule. Un jour, dans
quelques milliers d’années, il comprendra peut-être.
ma pauvre!!! et fais moi rire, elle coûtait combien la navette? 100bts?
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