#3 : Highway to hell


Day 12 : Quelque part au milieu de Chang mai – 9h06

Interviewer fictif : Vous avez envie de continuer de voyager ?
Moi : Oui.
Interviewer fictif : Avec Cyril ?
Moi : Non merci.
Interviewer fictif : Considérez-vous être toujours follement amoureuse de lui ?
Moi : Non merci.


La nuit en bus fut un moment assez inconfortable, comme on pouvait s’y attendre. Effectivement, la clim était trop forte et l’inclinaison des sièges, pas assez. Il y a bien eu un moment sympa, vers minuit, quand on s’est arrêté à une sorte d’aire d’autoroute spacieuse, version luxe (terrasse avec lampions et fontaine ouvragée, s’il vous plait). De retour dans le bus, Cyril et moi regardons un film sur son netbook (Real Steel, que j’ai trouvé plutôt bien foutu).
J’ai la sensation d’avoir dormi à peine un quart d’heure quand un homme annonce que nous sommes les bienvenus à Chang Mai. Des navettes attendent sur le parking. Et là, c’est le drame. Cyril a très envie que nous rejoignons la ville par nos propres moyens, la navette étant un peu chère. Le thaï a l’air de trouver ça drôle, rappelle que nous sommes à une dizaine de kilomètres du centre et hausse les épaules.

Cyril : Il te dit ça pour que tu prennes sa navette, mais il doit y avoir… 3 kilomètres seulement. On peut marcher.

Oui, on peut. La première découverte que je fais, c’est que le décor va être féérique. Nous marchons… sur le bord d’une autoroute. Si, si. La seconde découverte, c’est que le thaï et sa navette ne racontaient pas de conneries. Malgré les pauses, je me sens rapidement dépassée par les évènements et par mon paquetage de 17 kilos. J’essaye de me plaindre le moins possible, jouant la carte de l’ironie, mais mon dieu que je me force. Je continue à mettre un pied devant l’autre avec l’idée fixe que, sinon, Cyril pensera que je suis faible et il ne voudra pas considérer de voyager avec moi par la suite. La goutte d’eau qui fait déborder le fleuve survient après une heure trente de bonheur absolu, quand mon compagnon, gentleman jusqu’au bout, remarque que je «ne marche pas assez vite ». Queeeuhaaa ?
Une chance pour lui que je n’ai ni enclume, ni tournevis sur moi. Parce que je peux faire mal, moi, avec un tournevis. Je me mure dans un silence équivoque, ressassant de sombres pensées. La vérité c’est qu’il ne voit pas les efforts que je fais. Ni maintenant ni de manière générale. Que, quand bien même, ça n’est jamais suffisant. Nous nous sommes retrouvés depuis 10 jours, soit un tiers de la période que je dois passer avec lui, et il alterne les jours où il semble heureux à mes côtés avec ceux où l’indifférence règne. Je ne sais plus si j’ai envie de me prendre ce genre de portes dans la gueule. Un jour, dans quelques milliers d’années, il comprendra peut-être.

2 commentaires: